- 1. Aspects normaux et pathologiques de la prolifération cellulaire dans un organisme vivant.
- 2. La découverte des proto-oncogènes. Leur conversion en gènes oncogènes viraux
- 3. Activation de proto-oncogènes en oncogènes dans les tumeurs
- 4. Les fonctions des proto-oncogènes
- 5. Les anti-oncogènes ou gènes suppresseurs de tumeurs
- 6. Anti-oncogènes et virus oncogènes à ADN
- 7. Proto-oncogènes, gènes suppresseurs de tumeur et progression tumorale
- 8. Applications de la découverte des gènes du cancer à la cancérologie
- 9. Bibliographie
ONCOGENÈSE ou CANCÉROGENÈSE ou CARCINOGENÈSE
La découverte des proto-oncogènes. Leur conversion en gènes oncogènes viraux
Les premières études expérimentales sur l'oncogenèse, dont les travaux d'Ellerman et Bang et de Rous sont d'excellents exemples, ont fait appel à des modèles animaux. Ces modèles, qui ont permis la découverte des premiers virus oncogènes, ont également conduit à l'identification d'agents chimiques ou physiques qui sont capables de provoquer l'apparition de tumeurs lorsqu'ils sont administrés à un animal d'expérience. Malgré l'intérêt que continue à présenter l'expérimentation animale, la longueur et la lourdeur des expériences ainsi que l'incapacité d'identifier les premiers événements cellulaires qui vont conduire à la formation d'une tumeur d'un volume suffisant pour permettre sa détection ont incité les chercheurs à recourir à des modèles expérimentaux constitués par des cellules cultivées in vitro. Il a cependant fallu attendre que des méthodes de culture relativement simples et reproductibles aient été élaborées pour qu'il devienne possible de généraliser cette approche dans de nombreux laboratoires.
La mise en culture de cellules dérivées d'embryons d'oiseaux ou de rongeurs dans des milieux de culture comportant 10 p. 100 de sérum de veau fœtal comme source de facteurs de croissance, d'hormones et de protéines qui permettent l'attachement des cellules à la surface du récipient de culture permet la prolifération d'un type de cellules, le fibroblaste. Les fibroblastes embryonnaires considérés comme normaux adhèrent fortement au récipient de culture et prolifèrent jusqu'à ce qu'ils forment une seule couche de cellules recouvrant toute la surface qui leur est offerte. Leur prolifération s'arrête alors dans un état qu'on appelle inhibition de contact. Pour obtenir une nouvelle population de fibroblastes proliférants, il faut détacher les cellules du récipient grâce à un traitement ménagé par une enzyme protéolytique appropriée (trypsine) et les réensemencer dans de nouveaux récipients en nombre tel que les cellules qui vont à nouveau s'attacher ne recouvrent pas la totalité du flacon. Cette opération pourra être répétée avec succès plusieurs fois. Cependant, après un certain nombre de ces passages en culture, on assiste à un phénomène appelé crise, au cours duquel les fibroblastes perdent leur aptitude à se multiplier et finalement meurent. L'exposition des cellules proliférantes à des agents cancérogènes et, particulièrement, leur infection par des virus oncogènes sont cependant capables de changer radicalement le sort d'au moins une partie des cellules, qui subissent une transformation de leurs propriétés morphologiques et de leurs caractères de prolifération.
Les cellules transformées peuvent se distinguer des cellules normales par une moindre adhérence au substrat, qui s'accompagne d'une morphologie moins aplatie, par la perte de l'inhibition de contact, ce qui permet aux cellules transformées de former de multiples couches de cellules, et par une moindre dépendance vis-à-vis des facteurs de croissance apportés par le milieu, qui rend les cellules transformées capables de proliférer en présence de faibles concentrations de sérum. La perte d'adhérence au substrat peut s'accompagner de la capacité des cellules à proliférer en suspension dans un milieu partiellement gélifié par l'addition d'une petite quantité d'agar et de former des colonies sphériques. Enfin, les cellules transformées en culture peuvent acquérir l'aptitude à former une tumeur, lorsqu'on les greffe à l'animal. Il faut bien entendu, dans ce cas, tenir compte du phénomène de rejet de greffe, et choisir un animal receveur histocompatible avec la cellule transformée. En fait, on utilise souvent aujourd'hui comme receveurs des souris mutantes dépourvues de thymus[...]
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Écrit par
- Roger MONIER : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur du laboratoire d'oncologie moléculaire, Institut Gustave-Roussy
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