MARTENOT ONDES
Instrument électronique, appelé aussi ondes musicales Martenot, qui fut construit par Maurice Martenot (1898-1980). Son créateur présenta cet instrument en 1928 au cours d'un récital donné à l'Opéra de Paris. L'onde Martenot fonctionne suivant le principe de l'hétérodyne, c'est-à-dire avec deux ondes de fréquences légèrement différentes. Ces ondes sont mélangées de façon à produire une oscillation ; elles sont ensuite amplifiées et le son est émis par un haut-parleur. L'instrument est monodique ; il possède un clavier comparable à celui du piano ; sur le devant de ce clavier, un ruban muni d'un anneau dans lequel on passe le doigt permet d'obtenir des intervalles inférieurs au demi-ton, avec effets de vibrato (comme sur les touches d'ailleurs), de glissando, de port de voix. Un système est aussi prévu pour rendre possible l'étalement des hauteurs sur le clavier : par exemple, en montant chromatiquement les touches d'ut 1 à ut 2, on peut en réalité ne gravir que l'intervalle qui sépare ut 1 de ré 1 ; on entend tous les micro-intervalles intermédiaires. La main droite joue sur le clavier ou sur la bande et la main gauche actionne une touche qui peut interrompre le son à discrétion, modifier l'intensité ou faire varier le timbre (différents jeux sont possibles : timbre amplifié ; cor ; timbre nasillard ; clarinette d'Orient ; timbre d'espace amplifié ; timbre cuivré ; timbre métallisé...). Un grand nombre d'œuvres ont été composées pour ondes Martenot, intégrées ou non à un ensemble instrumental. Dimitri Levidis (1885 ?-1951) fut l'un des premiers à écrire pour elles (Poème symphonique pour solo d'ondes musicales et orchestre, 1928 ; De Profundis, 1930) ; citons notamment Eleonora (pour ondes et orchestre de chambre) d'Yves Baudrier (1938) ; Cinq Interludes (pour quatre cors et quatre ondes) de Daniel-Lesur ; la Symphonie (1948) de José David ; À Cadix, pour deux ondes Martenot et orchestre (1938) de Pierre Vellones ; la musique de scène pour Le Château des papes d'Henri de Richaud pour deux pianos, trompette et ondes Martenot de Milhaud, œuvre qui est devenue la suite de concerts La Cheminée du roi René ; Trois Poèmes pour ondes et piano (1935), Concerto pour ondes et orchestre (1947), la Danse incantatoire (pour orchestre, deux ondes et six batteurs, 1936) d'André Jolivet. Messiaen a souvent employé les ondes, surtout dans La Fête des eaux (pour six ondes), Deux Monodies (en quarts de ton), les Trois Petites Liturgies de la Présence divine (1944), la Turangalîla-Symphonie (1946-1948). Chez les compositeurs de la fin du xxe siècle, à la suite de Boulez, Berio, Chaynes, Eloi, Bussotti, Schibler..., les œuvres où l'onde Martenot est employée sont innombrables. À signaler des instruments qui se rapprochent de l'onde Martenot : en Allemagne, le Sphärophon de Jörg Mager, l'Aetherwelleninstrument et le Thereminovox de Léon Thérémin, l'Hellertion d'Hellberger-Lertes, le Trautonium de Friedrich Trautwein, ainsi que la croix sonore de Nicolas Oboukhov.
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Écrit par
- Pierre-Paul LACAS : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien
Classification
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