ONE HEALTH (UNE SEULE SANTÉ)
Les modifications de notre environnement, engendrées principalement par nos activités et l’évolution des interactions entre l’être humain et l’animal, sont – et seront, à n’en pas douter – responsables de diverses crises, notamment sanitaires. Celles-ci se manifestent en particulier par l’accroissement de la fréquence et de l’intensité des épidémies et épizooties (équivalent des épidémies chez l’animal). De nombreux facteurs favorisent l’intensification de ces interactions entre homme, animal et environnement : augmentation des mouvements de populations animales et humaines ; augmentation de l’exploitation des ressources naturelles ; hausse démographique de la population humaine ; expansion de celle-ci sur de nouvelles aires géographiques favorisant l’interaction entre notre espèce et la faune sauvage… Ces modifications profondes peuvent avoir des conséquences majeures sur la santé humaine. Dès lors, la nécessité d’aborder la compréhension de l’émergence d’une maladie chez l’homme au travers d’une approche intégrant un grand nombre de paramètres environnementaux, qualifiée de globale, s’est renforcée. Ainsi, le concept « une seule santé », également désigné sous sa dénomination anglaise « One Health », s’est développé en fondant l’étude de ces problématiques sur des approches pluridisciplinaires et multisectorielles. En dépit de sa richesse de contenu et bien que ce concept existe depuis le début du xxie siècle, son application concrète reste très limitée et se trouve notamment confrontée à des difficultés organisationnelles.
Historique de la notion One Health
Les liens et l’analogie entre santé animale et santé humaine sont posés depuis l’Antiquité, avec notamment la transposition des connaissances anatomiques de l’animal (issues notamment de dissections) vers l’étude du corps humain. Cette notion a été plus concrètement exprimée au milieu des années 1800 par un médecin pathologiste prussien, Rudolf Virchow, qui soulignait le peu de démarcation à tracer entre médecine animale et médecine humaine. C’est au milieu des années 1990 qu’une nouvelle étape a été franchie, avec une prise de conscience plus poussée des enjeux de cette proximité entre l’homme et l’animal, et notamment le développement de programmes spécifiques mis en place par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) afin d’améliorer l’identification chez l’animal de maladies infectieuses émergentes et réémergentes. Par ailleurs, la revue scientifique EmergingInfectiousDiseases, qui traite de ces problématiques et qui constitue toujours une référence dans le domaine, fait son apparition en 1995.
Les crises sanitaires successives de grippe aviaire, Ebola, SARS-CoV-1, etc. ont accéléré la prise de conscience de ces problématiques par les organisations et autorités sanitaires internationales. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC, pour le sigle anglais) est créé en 2005. Cette agence de l’Union européenne basée à Stockholm, en Suède, a pour mission d'identifier, d'évaluer (et de communiquer) les menaces actuelles et émergentes pour notre santé, liées aux maladies infectieuses animales et humaines. L’année 2008 voit la reconnaissance de l’importance des approches One Health, avec l’élaboration d’un cadre de référence fondé sur ce concept, aboutissant à une déclaration commune d’intention de coopération par six organisations internationales majeures : l’OMS, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO pour Food and Agriculture Organization), l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA, anciennement OIE), le bureau du Coordonnateur du système des Nations unies sur la grippe (UNSIC), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et la Banque mondiale. Ce cadre a été renforcé[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Yannick SIMONIN : virologiste, maître de conférences, université de Montpellier
Classification
Média
Autres références
-
ANTIBIORÉSISTANCE
- Écrit par Aurélie CHABAUD , Sylvain MEYER et Marie-Cécile PLOY
- 5 907 mots
- 4 médias
...converger les différentes luttes contre elle, à la fois dans l’environnement, chez l’être humain et l’animal. Le concept apparu depuis 2004 sous l’appellation « One Health » (« Un monde, une santé », devenu « Une seule santé ») a émergé après la succession de plusieurs épidémies et crises sanitaires mettant en... -
ANTIBIOTIQUES
- Écrit par Aurélie CHABAUD , Sylvain MEYER et Marie-Cécile PLOY
- 6 760 mots
- 6 médias
Au début des années 1940, le microbiologiste américain Selman A. Waksman, découvreur de nombreux antibiotiques dont la streptomycine – ce qui lui valut le prix Nobel de médecine en 1952 –, définit un antibiotique comme une substance chimique, produite par un micro-organisme, qui inhibe la croissance...
-
COP 15 SUR LA BIODIVERSITÉ
- Écrit par Denis COUVET et Hélène SOUBELET
- 2 863 mots
- 3 médias
... toitures végétalisées atténuant les extrêmes climatiques, la présence de faune et de flore participant à une meilleure santé des habitants. C’est un enjeu du thème « une seule santé » (One Health), où la santé des humains et celles des animaux, des végétaux et des écosystèmes sont liées.... -
GRANDS SINGES
- Écrit par Victor NARAT
- 6 656 mots
- 11 médias
...englobante possible pour comprendre les mécanismes d’émergence des maladies infectieuses, pouvant affecter les humains mais aussi les grands singes. Le concept « Une seule santé » (One Health) a cet objectif et regroupe les questions de santé animale, humaine et environnementale. Mis en avant depuis le début...