ONE HEALTH (UNE SEULE SANTÉ)
Définition du concept
One Health est une notion qui peut apparaître floue au prime abord, ses contours étant quelque peu difficiles à établir. Son principe général consiste à étudier les interactions entre les animaux, les humains et leurs divers environnements. En remplacement d’une approche classique d’étude de la circulation d’un pathogène – par exemple, en se focalisant sur les conditions de l’apparition de cas uniquement chez l’homme –, One Health favorise les collaborations et les synergies de l’ensemble des secteurs et des acteurs ayant des domaines d’activités pouvant impacter la santé humaine et animale. Le principe est donc de s’affranchir d’une vision épidémiologique monothématique et anthropocentrée des problématiques de santé. In fine, son objectif est de participer à l’atténuation, voire à la prévention des risques sanitaires liés aux interactions animal-homme-écosystèmes en renforçant les capacités de la communauté internationale à anticiper, détecter des maladies infectieuses et apporter des réponses concrètes. Il concerne ainsi un champ très large de disciplines liées à la santé humaine, à la santé animale et à la santé environnementale au sens large du terme. Cette approche transdisciplinaire et multidisciplinaire implique de nombreux acteurs tels que les professionnels de la santé humaine (médecins, pharmaciens, biologistes, épidémiologistes…), mais aussi de la santé animale avec la participation des domaines vétérinaires. La santé environnementale – qui étudie les liens entre l'environnement (qualité des eaux, de l’air, des sols…) et la santé humaine – est également un pan important de cette approche, avec la participation d’entomologistes, d’éthologues, mais aussi, par ailleurs, de nombreux acteurs des sciences économiques et sociales (sociologues, psychologues, anthropologues…). Ce très large champ de disciplines potentiellement concernées fluctue en fonction des problématiques et des pathogènes impliqués. Cette interdisciplinarité peut se mettre en place aux niveaux local, régional, national, voire mondial.
L’idée de ce concept vient du constat sans appel de la difficulté d’établir des conclusions pertinentes sur les liens entre la santé animale et la santé humaine, notamment dans le cadre de maladies zoonotiques (transmise naturellement de l’animal à l’homme), si les diverses approches restent cloisonnées. Cette difficulté a notamment été mise en évidence lors de la pandémie provoquée par le SARS-CoV-2 (virus de la Covid-19), pour laquelle le manque de surveillance de la circulation des coronavirus au sein des populations animales (et notamment des chauves-souris) a contribué à la réactivité tardive de la communauté internationale face à l’émergence de ce virus.
Les associations épidémiologiques entre les cas observés chez les animaux domestiques ou sauvages et ceux observés chez l’homme sont mieux évaluées lorsque des études portant sur l’homme et sur les animaux sont conduites simultanément, l’accent étant mis sur l’identification des espèces pouvant servir de réservoirs aux pathogènes étudiés. C’est le cas par exemple pour le suivi de la fièvre dite de la vallée du Nil, induite par le virus WNV (West Nile Virus). Différents pays du sud de l’Europe, dont la France, ont mis en place des réseaux de surveillance des oiseaux ou des chevaux infectés en parallèle du suivi des cas identifiés chez l’homme. Cette surveillance permet de mieux comprendre la dynamique et l’intensité de la circulation de ce virus dans l’environnement, et de disposer ainsi d’une cartographie plus précise et probablement plus précoce de sa propagation sur un territoire donné. Ainsi, les études One Health impliquent que les données sur la santé humaine et sur la santé animale – voire les indicateurs écologiques – soient étudiées de manière croisée. Les objectifs concrets issus de ce concept consistent[...]
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Écrit par
- Yannick SIMONIN : virologiste, maître de conférences, université de Montpellier
Classification
Média
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