OPÉRETTE
Déclin ou renaissance ?
Sous le règne de Napoléon III où, d'après René Dumesnil, « la bouffonnerie lyrique était un besoin de l'esprit parisien », Paris comptait une dizaine de salles vouées à l'opérette ; outre les Bouffes-Parisiens et les Variétés chères à Offenbach, il y avait le Théâtre des Champs-Élysées, les Folies-Marigny, le théâtre La Fayette, l'Alcazar d'été, les Folies Saint-Germain.
Après la guerre de 1940 et au cours des années 1950, l'opérette réapparut au théâtre du Châtelet, sous la houlette de Maurice Lehmann, aux Variétés, où l'opérette « marseillaise » de Vincent Scotto s'accrochait bien, et, plus sporadiquement, sur les planches de Mogador, de Bobino ou de l'Empire. Les créations de Bruno Coquatrix, Guy Lafarge, Scotto toujours alternaient avec les reprises d'opérettes classiques, françaises ou viennoises, et les comédies musicales à l'américaine.
Aujourd'hui ? Le théâtre de la Gaîté-Lyrique est laissé à l'abandon, le Théâtre musical de Paris a retrouvé son nom de théâtre du Châtelet. Mais aucune salle n'est plus vouée à l'opérette. En revanche, les théâtres de province ont repris le flambeau en ressuscitant la plupart du temps l'opérette classique. Et en région parisienne, quand un metteur en scène dynamique s'avise de monter un ouvrage d'Offenbach, tout est loué plusieurs semaines à l'avance. L'opérette a peut-être envie de renaître, et le public, un peu lassé de la violence, a peut-être envie de rire.
Signalons – à titre de conclusion – une autre sorte de renaissance qui sera peut-être la formule de l'avenir : un certain nombre de jeunes comédiens-chanteurs-danseurs tentent de renouveler le genre en retournant aux sources ; peu d'acteurs, peu de musiciens, peu de moyens, mais de l'enthousiasme, du dynamisme, une invention jaillissante. Ainsi, de 1984 à 1986, les Musicomédiens ont fait un triomphe avec Il Signor Fagotto d'Offenbach. Plus difficile encore : Le Capitaine Fracasse d'après Théophile Gautier, avec une musique originale de Louis Dunoyer de Segonzac, a obtenu un vrai succès pendant des mois, en 1987, dans toute la France. Le retour à l'esprit du théâtre de la Foire et de la Baraque Lacaze selon Offenbach, là est peut-être l'avenir de l'opérette.
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Écrit par
- Sylvie FÉVRIER : licenciée ès lettres françaises, grecques et latines, producteur délégué d'émissions musicales à Radio-France
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Média
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