OPHIOLITES
Mode de formation et origine des ophiolites
C'est autour des années 1970 que le parallèle entre ophiolite et croûte océanique a été fait, et cela à partir de deux constatations majeures. En premier lieu, il existe une bonne corrélation entre la structure géophysique de la croûte océanique actuelle et les ophiolites. En effet, les profils sismiques de croûte océanique indiquent que celle-ci est stratifiée et peut être divisée en différentes couches en fonction de la vitesse VP des ondes sismiques primaires. L'épaisseur des couches sismiques mesurée à l'axe des dorsales océaniques actuelles et la vitesse des ondes P sont compatibles avec la structure et la nature des complexes ophiolitiques. En second lieu, la plupart des faciès constituant les unités ophiolitiques ont été échantillonnés sur les dorsales actuelles par dragage, forage ou au cours de plongées par submersible. Les laves basaltiques en coussins mais également les sédiments et les dépôts hydrothermaux ont été reconnus directement sur les dorsales. Des morceaux de complexe filonien, des gabbros et des harzburgites ont été découverts près des failles transformantes qui hachent et décalent les dorsales.
L'étude des structures, de la pétrographie et de la géochimie des complexes ophiolitiques permet donc de retracer le fonctionnement des zones d' accrétion océanique. Le mouvement d' expansion sous ces zones se traduit en profondeur par une montée diapirique du manteau asthénosphérique à l'état plastique. Vers 75 kilomètres de profondeur, les conditions de pression et de température sont telles que ce manteau commence à fondre partiellement, le taux de fusion augmentant à mesure de la montée et créant une porosité dans la roche. Lorsque cette porosité devient suffisante, le liquide, moins dense et moins visqueux que le solide réfractaire, se sépare. L'extraction des liquides du solide résiduel débute vers 50 kilomètres. Le liquide monte rapidement vers la base de la croûte, où il alimente une chambre magmatique. Le manteau résiduel continue à fluer, puis se fige progressivement en s'éloignant de la dorsale pour constituer la partie inférieure de la lithosphère océanique. La nature pétrographique de la séquence mantellique ophiolitique traduit la nature résiduelle du manteau supérieur. Ses structures permettent de visualiser l'écoulement du manteau sous les zones d'accrétion océanique. Elles sont en général subparallèles au moho pétrologique. Dans ce cas, l'étude de l'orientation de la foliation et de la linéation dans les péridotites mantelliques permet de retrouver la paléodirection de la dorsale, l'écoulement mantellique s'effectuant perpendiculairement à l'axe de la dorsale. Dans certains massifs ou portions de massif, des structures mantelliques verticalisées ont pu être interprétées comme des reliques de diapir mantellique dans des zones d'alimentation magmatique.
Dans la croûte, les liquides issus du manteau alimentent une chambre magmatique permanente où cristallisent les cumulats lités et les gabbros isotropes. L'étude des épaisseurs et des structures de la séquence litée et isotrope permet de reconstituer la forme et la taille du réservoir magmatique. Jusqu'à présent, deux types de chambre ont pu être mis en évidence : des chambres de largeur plurikilométrique (de 5 km d'épaisseur au maximum) et d'autres de largeur kilométrique (de 1 à 2 km d'épaisseur). Cette taille est vraisemblablement proportionnelle à la vitesse d'accrétion. Dans les deux cas, le réservoir a une forme dite en aile d'avion. La nature, la géochimie et les textures des cumulats lités et des gabbros isotropes donnent des indications sur le mode de fonctionnement de la chambre. D'une manière générale, les chambres magmatiques ophiolitiques sont des systèmes ouverts, c'est-à-dire qu'elles sont constamment réalimentées[...]
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Écrit par
- Michelle ERNEWEIN : docteur en géologie de l'université Louis-Pasteur de Strasbourg, maître assistante
- Hubert WHITECHURCH : maître de conférences à l'université Louis-Pasteur de Strasbourg, docteur ès sciences
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