ORACLE
Influence de l'oracle
On ne saurait prêter à Delphes la politique coloniale inscrite dans une historiographie tardive où toute narration s'embellit d'oracles. Mais le temple a certes encouragé des audacieux, décidé des hésitants, approuvé le transfert de traditions religieuses dans les colonies. Son arbitrage était capable d'apaiser des désaccords grâce à une solution quelconque toujours acceptée. Appliquant le principe pythagoricien de s'en tenir aux lois et coutumes des ancêtres, il a pacifié les cités et les esprits en approuvant des rituels de purification et d'expiation ainsi que des cultes archaïques, concernant notamment les héros, petites divinités locales souvent anonymes, éclipsées peu à peu par les Olympiens, et qu'en présence d'une calamité on pouvait toujours supposer irritées. Son action éducatrice, qui fut considérable, résulte surtout de la problématique incluse dans le jeu des questions et des réponses. La littérature oraculaire – et l'apocryphe encore plus que l'authentique – rappelle à l'homme la faiblesse de sa condition, la précarité de toute prospérité, le danger de tout dépassement : la morale des Sept Sages. Le miracle de Delphes fut d'avoir été moins un centre d'émission qu'un foyer d'appel d'où rayonna ensuite une éthique en plein développement. Consulté sur tous les problèmes résultant de la faute et de la souillure, Apollon apparut comme un dieu capable de réconcilier l'homme avec les puissances mystérieuses. L'histoire de Crésus (Hérodote, I, 47-56, 85-88), moralité mise en forme de révélation oraculaire, devint ainsi un hymne à la sagesse du Pythien. Et le sanctuaire, qui en matière religieuse a surtout recommandé le respect du passé, est ainsi devenu celui qui a le plus contribué à modifier l'idée que les hommes se faisaient d'un dieu.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Marie DELCOURT : professeur à la faculté de philosophie et lettres de l'université de Liège
Classification
Autres références
-
ADYTON
- Écrit par Martine Hélène FOURMONT
- 472 mots
Terme grec qui désigne tout endroit sacré « dont l'accès est interdit ». Par sa nature même, l'adyton est allié aux édifices de type chthonien ou oraculaire.
En Sicile où les cultes voués aux divinités infernales, telles Déméter et Koré, resteront fortement enracinés, les temples...
-
AMON
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Yvan KOENIG
- 757 mots
- 3 médias
D'origine obscure — hermopolitaine ou thébaine —, le dieu égyptien Amon n'est d'abord qu'une divinité tout à fait secondaire, à la fonction mal définie. Son extraordinaire faveur fut liée à l'ascension des princes thébains. Dieu dynastique sous la XIIe dynastie,...
-
APOCALYPTIQUE & APOCRYPHE LITTÉRATURES
- Écrit par Jean HADOT et André PAUL
- 9 934 mots
Globalement, cette forme est celle du « livre », homologue et supplétif apocalyptiques de l'« oracle » prophétique. On sait comment ce mot fut introduit par Ézéchiel ; il fut largement honoré par la suite jusqu'à l'Apocalypse de Jean, désignée par son auteur comme « livre prophétique » (... -
APOLLON, religion romaine
- Écrit par Catherine SALLES
- 1 049 mots
Dieu hellénique, Apollon fit son entrée dans la religion romaine comme médecin (fonction attribuée par les Grecs à Apollon Paian) : lors d'une épidémie en ~ 433, les Romains vouent à Apollon Medicus, « pour la santé du peuple », un temple construit aux prés Flaminiens, en bordure du champ de Mars,...
- Afficher les 18 références