ORADOUR-SUR-GLANE
Petite commune rurale située près de Limoges, dans le département de la Haute-Vienne, Oradour-sur-Glane est connue en raison du massacre qui y a été commis durant la Seconde Guerre mondiale, le 10 juin 1944. Ce crime de guerre coûta la vie à 643 personnes. La politique d’extermination et de terreur pratiquée par les troupes du IIIe Reich, surtout dans l’est de l’Europe, trouva à Oradour-sur-Glane une application spécifique par la destruction de presque toute la population, sans distinction de sexe ou d’âge.
Ce même 10 juin 1944, le village de Distomo, en Grèce, fut aussi victime de représailles sanglantes par des SS. Le pope fut décapité, des femmes violées, des enfants éventrés ; on déplora 218 morts, mais il n’y eut pas d’élimination systématique de la population. En Tchécoslovaquie, à la fin du printemps de 1942, c’est la population mâle de Lidice qui avait été exécutée puis le village détruit – en représailles de l’attentat qui avait coûté la vie à Reinhard Heydrich, gouverneur du protectorat de Bohême-Moravie et fondateur du service de renseignement des SS. Sur le territoire d’Oradour-sur-Glane, ce sont presque toutes les personnes présentes qui ont été assassinées par les nazis en l’espace de quelques heures, y compris quelques dizaines de Mosellans expulsés lors de l’annexion de 1940 et une vingtaine de réfugiés espagnols. Après avoir rassemblé la population sur le champ de foire, les Allemands séparèrent les hommes des femmes et des enfants. Enfermés dans l’église paroissiale Saint-Martin, 244 femmes et 207 enfants y furent mitraillés et brûlés ; 192 hommes majeurs ou adolescents de plus de quatorze ans furent fusillés et brûlés pour la plupart dans plusieurs granges.
Ce crime a été perpétré sous les ordres du Sturmbannführer Adolf Diekmann par 200 hommes de la division Das Reich. La veille, des membres de cette même division de la Waffen SS avait procédé à la pendaison de 99 hommes à Tulle, à 110 kilomètres de là, après avoir repris la ville à des combattants Francs-tireurs et partisans (FTP). Alors que les forces alliées avaient débarqué en Normandie le 6 juin, la division Das Reich, en route vers le nord, poursuivait donc les « frappes immédiates et brutales »préconisées par son commandant, le général Heinz Lammerding, contre les résistants qualifiés de terroristes. Le plus souvent, comme à Tulle, les Allemands appliquaient la règle de représailles qui consistait à pendre trois ou dix Français par Allemand blessé ou mort. Mais à Oradour-sur-Glane, où il n’y eut aucun maquis ni assistance aux maquisards, rien ne motivait un tel massacre.
Dès le 28 novembre 1944, alors que les combats se poursuivaient en Alsace, le gouvernement provisoire de la République française présidé par le général de Gaulle prit la décision de laisser le village en l’état. Il fut classé monument historique en 1946 tandis qu’à quelques centaines de mètres, la première pierre d’un nouvel Oradour fut posée par le président Vincent Auriol en 1947. Certains des participants au massacre furent jugés à partir du 12 janvier 1953 devant le tribunal militaire de Bordeaux. Sur les vingt et un accusés présents figuraient quatorze Alsaciens : un volontaire et treize « malgré-nous ». Tous pouvaient être poursuivis en application d’une loi de 1948 qui avait établi une responsabilité collective pour la participation de Français à des crimes de guerre nazis. Mais la très vive émotion suscitée en Alsace par le procès persuada 505 députés de voter la loi du 20 février 1953 accordant une « amnistie pleine et entière »aux enrôlés de force. Condamné à mort par contumace pour les crimes de Tulle et d’Oradour, le général Lammerding ne fut pas extradé par la République fédérale d’Allemagne où il poursuivit une carrière d’entrepreneur prospère. Le principal responsable direct du[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Charles-Louis FOULON : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)
Classification
Média