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ORATORIO

Une des définitions les plus précises de l'oratorio est fournie par Sébastien de Brossard dans son Dictionnaire de musique (1703) : « C'est une espèce d'opéra spirituel, ou un tissu de dialogues, de récits, de duos, de trios, de ritournelles, de grands chœurs, etc., dont le sujet est pris ou de l'Écriture ou de l'histoire de quelque saint ou sainte. Ou bien c'est une allégorie sur quelqu'un des mystères de la religion ou quelque point de morale, etc. La musique en doit être enrichie de tout ce que l'art a de plus fin et de plus recherché. Les paroles sont presque toujours latines et tirées pour l'ordinaire de l'Écriture sainte. Il y en a beaucoup dont les paroles sont en italien et l'on pourrait en faire en français. » De plus, cette définition est assez proche de la naissance du genre pour en rappeler les origines.

Confluent de courants nombreux et divers, comme le mistère médiéval, le lauda franciscain et la cantate italienne, l'oratorio est un des genres les plus florissants de la musique vocale et instrumentale depuis la fin du xvie siècle. De ses origines populaires, proches de la naissance du spiritual des Noirs d'Amérique du Nord, il a gardé jusqu'à nos jours une large audience auprès de publics les plus divers. Sa richesse s'étend des chefs-d'œuvre de Bach, Haendel et Haydn aux Histoires sacrées de Marc-Antoine Charpentier, des pastorales tchèques pour Noël à la Passion selon saint Luc du Polonais Krzysztof Penderecki. Jailli de l'expérience religieuse de communautés parfaitement définies, l'oratorio est devenu le véhicule sonore de messages concernant tous les hommes.

Origines et histoire

Promu genre indépendant des classifications profanes ou religieuses à la fin du xviiie siècle, l'oratorio est né, comme l'indique l'étymologie, dans les oratoires romains de Philippe Néri, ceux de Santa Maria in Vallicella et Santo Girolamo della Carità. Au début, c'est-à-dire dans la seconde moitié du xvie siècle, ce fut une musique improvisée par l'assemblée réunie autour du prédicateur et dirigée par lui, empruntant souvent des mélodies connues plaquées sur des textes de circonstance. De ce point de vue, il y a donc une certaine analogie entre les débuts de l'oratorio et le spiritual des Noirs d'Amérique. Cette forme s'anoblit assez rapidement en se situant dans la tradition des laudi franciscains du Moyen Âge. Elle se transforma aussi en dramatisant de plus en plus le texte original par l'introduction d'un narrateur appelé testo ou historicus (dans les livrets latins) et d'une série de formes allant de la simple répétition chorale (éventuellement à l'unisson) des parties solistes jusqu'à une diversification utilisant toutes sortes de combinaisons vocales et même instrumentales, d'abord sous la forme de sinfonie ou ritournelles, puis sous celle de parties accompagnées et orchestrales pleinement autonomes.

Pour l'oratorio sur un texte latin, il faut signaler encore l'importance des drames liturgiques du haut Moyen Âge et de l'interprétation dramatique de la Passion du Christ au cours de la semaine sainte. C'est ainsi que l'on trouve à Rome la Compania del Gonfalone, fondée vers 1260, qui se spécialisait dans l'interprétation de la Passion liturgique à l'oratoire del Gonfalone ; elle était encore florissante en cette seconde moitié du xvie siècle qui vit l'essor des oratoires de Philippe Néri. Sous le titre de devozione ou rappresentazione, on présentait vers la même époque des compositions sacrées plus ou moins scéniques, mais souvent dépourvues de toute mise en œuvre visuelle, qui se distingueront rapidement entre l'oratorio et l'opéra naissant. La plus importante de ces œuvres, que l'on peut considérer comme le premier oratorio véritable, c'est la [...]

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Écrit par

  • : musicologue, écrivain, producteur d'émissions de radio et de télévision, directeur artistique d'édition de disques, membre de la Société française de musicologie, de la Bach Gesellschaft, de la Deutsche Mozart Gesellschaft

Classification

Média

Le Messie, Georg Friedrich Haendel - crédits : British Library/ AKG-images

Le Messie, Georg Friedrich Haendel

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