ORCHESTRE
Il est peu de substantifs qui, au cours des siècles, ont eu autant de significations différentes que le mot « orchestre ». C'était, chez les Grecs, la partie du théâtre réservée au chœur et aux danseurs, mais, à Rome, c'était, toujours au théâtre, le lieu où se plaçaient les sénateurs et les vestales. Plus près de nous, ce fut « le lieu où l'on place la symphonie dans les salles de spectacle, qui est un retranchement au devant du théâtre », et, par extension, certains rangs de fauteuils destinés au public et situés entre le parterre et la scène. Par métonymie, le mot désigna, à partir du xviiie siècle, les musiciens qui occupaient l'emplacement de l'orchestre, et ensuite, par abus de langage, un ensemble quelconque d'instrumentistes. C'est ainsi qu'on parle, actuellement, aussi bien d'un orchestre de danse que d'un orchestre de brasserie, de jazz ou, enfin, d'un orchestre symphonique. Mais, si les orchestres de danse ou de musique « légère » correspondent bien habituellement à la définition donnée « d'ensemble quelconque d'instrumentistes », leur composition étant extrêmement variable aussi bien en ce qui concerne le nombre que la nature des instruments, l'orchestre « symphonique » (autrefois appelé symphonie) a, depuis la seconde moitié du xviiie siècle, suivi la courbe d'une évolution au terme de laquelle le nombre et la répartition des instruments et des instrumentistes se sont trouvés fixés d'une manière identique dans tous les pays où la tradition musicale occidentale est vivante. C'est pourquoi, le terme « orchestre » étant pris dans sa signification la plus large, on doit, pour être précis, essayer d'établir une classification dans la multiplicité des familles instrumentales qui ont été utilisées par les musiciens. Mis à part le cas de l'orchestre symphonique (quelquefois appelé grand orchestre), on rencontre deux méthodes de classification. La première tient compte de l'utilisation de l'ensemble des instruments et c'est dans ce sens qu'on parle d'un orchestre de théâtre, d'un orchestre de danse, d'un orchestre de genre, d'un orchestre de jazz, etc. La seconde, plus rigoureuse, s'applique au nombre et à la nature des instruments employés : orchestre de chambre, orchestre à cordes, orchestre d'harmonie, orchestre de cuivres (fanfare). Enfin, et sans que ces dénominations correspondent à une classification véritable, le mot orchestre est encore utilisé, par abus de langage, pour désigner des ensembles d'instruments non européens ; dans ce cas, la caractérisation se fait à partir de critères géographiques qui demeurent généraux : orchestre africain, chinois, indonésien, etc.
Le mot « orchestre » désigne également l'ensemble des techniques musicales par lesquelles le compositeur se rend maître de la complexité et de l'immense variété des ressources qui naissent de la faculté de pouvoir faire jouer ensemble, alterner, mélanger, avec plus ou moins de bonheur, des instruments dont les tessitures et les timbres sont fort différents les uns des autres. En ce sens, on dit que « l'orchestre de Berlioz est admirable ». En réalité, il est plus correct d'employer ici le mot « orchestration ». Il s'agit donc d'un nouvel abus de langage. Mais ce dernier est révélateur d'un état d'esprit très important dans l'histoire de la musique qui promeut peu à peu la nature du son, le timbre, le mélange subtil des intensités et des harmoniques au rang de matériaux constitutifs de la musique, concurremment aux seuls rapports de hauteurs (fréquences et intervalles) qui, longtemps, ont régné en maîtres presque absolus sur la conception de la musique occidentale. Cet état d'esprit a eu des conséquences notables sur la sociologie de la musique. Si le compositeur acquiert, par l'usage de l'orchestre, la faculté[...]
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Écrit par
- Michel PHILIPPOT : professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris
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