CLEVELAND ORCHESTRE DE
Venu relativement tard sur l'échiquier des grands orchestres américains, l'Orchestre de Cleveland (The Cleveland Orchestra) s'est imposé, surtout grâce à George Szell qui en a été le directeur pendant un quart de siècle, comme l'une des meilleures formations du monde.
Fondé en 1918, il sera dirigé jusqu'en 1970 par des chefs d'origine slave ou d'Europe centrale : un Russe, Nikolaï Sokoloff (1918-1933), un Polonais, Artur Rodzinski (1933-1943), un Autrichien, Erich Leinsdorf (1943-1946) et un Hongrois, George Szell (1946-1970), qui adopteront la nationalité américaine. Cet éclectisme joue un rôle déterminant dans l'évolution de l'orchestre, qui ne puise pas l'essentiel de ses racines dans la tradition germanique ou française comme les autres grandes formations américaines. Mais c'est surtout George Szell qui l'a amené au niveau où il se trouve actuellement par un travail méticuleux et d'une intransigeance légendaire : il entretenait avec les musiciens des rapports d'autorité à la limite du conflictuel mais savait obtenir le meilleur d'eux-mêmes, se montrant notamment intraitable dans le domaine de la précision, de la justesse et de la couleur sonore.
Ouvert à tous les répertoires, l'orchestre a créé des œuvres de compositeurs aussi divers que Jean Rivier, Ernest Bloch (Concerto pour violon, 1938, avec Joseph Szigeti), William Walton (Concerto pour violon, 1939, avec Jascha Heifetz), William Schuman (Symphonie no 4, 1942), Bohuslav Martinů, Paul Hindemith (Concerto pour piano, 1947) ou Peter Mennin (Symphonie no 7, 1964). Rodzinski avait pris l'habitude de diriger chaque saison plusieurs opéras en version de concert, donnant ainsi, en 1935, la première audition américaine de Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch. Plusieurs compositeurs ont reçu des commandes pour les anniversaires importants de l'orchestre, notamment Henri Dutilleux (Métaboles), Paul Creston (Toccata, op. 66), Bohuslav Martinů (Le Rocher), Boris Blacher (Music for Cleveland), Gottfried von Einem et Howard Hanson (Mosaïcs) pour le quarantième anniversaire (1958).
En 1968, Pierre Boulez est nommé premier chef invité, puis conseiller musical après la mort de George Szell, en 1970, poste qu'il conservera jusqu'en 1972. Lorin Maazel (1972-1982) le supplante à la tête de l'orchestre malgré le souhait des musiciens. Premier chef américain à assurer la direction de l'Orchestre de Cleveland, celui-ci est remplacé par un Allemand, Christoph von Dohnányi (1984-2002), puis par un Autrichien, Franz Welser-Möst (depuis 2002). L'éventail des commandes et des créations s'est élargi à des compositeurs comme Donald Erb, Charles Wuorinen, Jacob Druckman et Manfred Trojahn.
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
Classification
Autres références
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Variations pour orchestre, opus 30, WEBERN (Anton von)
- Écrit par Juliette GARRIGUES
- 686 mots
L'Autrichien Anton von Webern, troisième représentant de l'école de Vienne, avec Arnold Schönberg – dont il est l'un des premiers disciples – et Alban Berg, a repensé de fond en comble le langage musical. En 1909, il abandonne la tonalité avec les lieder des opus 3 et 4....