STAATSKAPELLE DE DRESDE ORCHESTRE DE LA
La Staatskapelle de Dresde (Sächsische Staatskapelle Dresden), qui a conservé le nom de « chapelle » qui désignait l'ensemble des musiciens d'une cour, est le plus ancien orchestre dont le fonctionnement n'ait connu aucune interruption au cours de son histoire. Sous sa forme originale, dont la fondation remonte à 1548, elle ne regroupait que des chanteurs et portait le nom de Hofkantorei (chanteurs de la cour). Les premiers maîtres de chapelle sont Johann Walter (ou Walther, 1548-1554), Matthaeus Le Maistre (1554-1568), Antonio Scandello (1568-1580) et Giovanni Battista Pinello di Ghirardi (1580-1584), qui introduit des instruments dans l'effectif permanent et crée véritablement la « chapelle ».
Plusieurs musiciens de grand renom seront maîtres de chapelle à Dresde : Michael Praetorius (1613-1617), Heinrich Schütz (1617-1655), Jan Zelenka, Antonio Lotti (1717-1719), Johann Adolf Hasse (1731-1763), Ferdinando Paër (1802-1806) — qui suivra Napoléon à Paris —, Francesco Morlacchi (1810-1817), Carl Maria von Weber (1817-1824), Heinrich Marschner (1824-1826), Karl Gottlieb Reissiger (1826-1859, secondé par Richard Wagner entre 1843 et 1849). Julius Rietz, premier chef d'orchestre à partir de 1860, est le premier directeur musical qu'ait connu la Staatskapelle (1874-1877) ; il est suivi de Franz Wüllner (1877-1884), Ernst von Schuch (1884-1914), Fritz Reiner (1914-1921), Fritz Busch (1922-1933), Karl Böhm (1934-1942), Karl Elmendorff (1943-1944), Joseph Keilberth (1945-1950), Rudolf Kempe (1950-1953), Franz Konwitschny (1953-1955), Lovro von Matáčić (1956-1958), Otmar Suitner (1960-1964), Kurt Sanderling (1964-1967), Martin Turnovsky (1967-1968), Herbert Blomstedt (1975-1985), Hans Vonk (1985-1990), Giuseppe Sinopoli (1992-2001), Bernard Haitink (2002-2004), Fabio Luisi (2007-2010), Christian Thielemann (depuis 2012).
L'orchestre a conservé le principe de fonctionnement traditionnel des orchestres allemands et se partage entre la fosse d'orchestre, pour les services de l'Opéra de Dresde (Semperoper), et les concerts symphoniques. La longue tradition qui s'est forgée dans le domaine de la musique romantique allemande en a fait l'un des orchestres les plus recherchés dans ce répertoire, qu'il enregistre sous la direction des chefs les plus illustres. Le maintien de cette tradition est assuré par la présence aux premiers pupitres de nombreux professeurs à la Musikhochschule de Dresde, dont les élèves s'intègrent progressivement à l'orchestre, pratique qui s'est particulièrement développée depuis Wüllner – qui était simultanément directeur musical de la Staatskapelle et directeur de la Hochschule – et qui maintient la sonorité spécifique des différents pupitres. Ernst von Schuch, qui a exercé le plus long mandat à la tête de cet orchestre depuis le milieu du xixe siècle, a ouvert le répertoire à la musique de Richard Strauss (créations de Salomé en 1905, d'Elektra en 1909, du Chevalier à la rose en 1911) et a fait connaître en Allemagne la musique française de l'époque. Fritz Busch, à qui l'on doit avec le metteur en scène Carl Ebert un renouveau total des conceptions lyriques, donne à l'orchestre un rôle essentiel à l'opéra et crée des œuvres de Ferruccio Busoni (Doktor Faust, 1925), Paul Hindemith (Cardillac, 1926), Zoltán Kodály (Danses de Marosszék, 1930) et Kurt Weill (Le Protagoniste, 1926). Karl Böhm a beaucoup œuvré en faveur de la musique de Richard Strauss.
Après la Seconde Guerre mondiale, la Saxe s'est retrouvée en R.D.A. alors que la plupart des grands chefs allemands passent à l'Ouest. L'orchestre ne connaît plus de ces rencontres historiques et durables avec certains chefs qui ont fait son histoire ; mais la force de la tradition est tellement vive que la Staatskapelle se maintient, dans son répertoire, à un niveau exceptionnel et constitue[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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Médias