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BERLIN ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE

Fondé en 1882, l'Orchestre philharmonique de Berlin (Berliner Philharmonisches Orchester) a toujours été considéré comme l'une des meilleures et des plus prestigieuses formations symphoniques du monde. Son homogénéité, l'élan collectif qui s'en dégage reflètent dans ce qu'elle a de plus fort la tradition des orchestres allemands : discipline, insertion progressive des instrumentistes, qui gravissent généralement les échelons au sein de l'ensemble avant de parvenir aux postes de solistes, continuité assurée par la durée particulièrement longue des mandats des chefs permanents... Ces chefs permanents, également directeurs musicaux, ont été nommés à vie pendant près d'un siècle, jusqu'à Karajan, ce qui explique leur nombre relativement restreint.

Arthur Nikisch - crédits : Nicola Perscheid/ ullstein bild/ Getty Images

Arthur Nikisch

En 1882, quelques concerts donnés à Berlin par l'Orchestre de Meiningen sous la direction de Hans von Bülow, alors le meilleur orchestre européen, provoquent un véritable choc chez les musiciens berlinois. Les instrumentistes de l'Orchestre Bilse, l'une des rares formations de concert relativement régulière à Berlin qui jouait dans une brasserie de Charlottenburg, la Bilse Konzerthaus, décident alors de se constituer en orchestre permanent et d'abandonner les programmes à succès de Benjamin Bilse pour se consacrer au grand répertoire symphonique. Ils se donnent une véritable charte démocratique et appellent à leur tête l'un des plus grands chefs wagnériens de l'époque, Franz Wüllner, qui avait créé L'Or du Rhin et La Walkyrie. Wüllner n'assure que la saison 1883-1884 et laisse sa place à Karl Klindworth puis à Hans von Bülow, premier chef à vie qui dirige l'orchestre de 1887 à 1893. Richard Strauss lui succède de 1893 à 1895. L'orchestre a trouvé une salle, dans la Bernburger Strasse, une ancienne patinoire désaffectée qui devient la Philharmonie. En une douzaine d'années seulement, les bases de ce qui allait devenir le meilleur orchestre allemand sont jetées. Arthur Nikisch, à la tête de l'ensemble entre 1895 et 1922, apporte une imagination et un sens de la couleur jusqu'alors ignorés. L'orchestre effectue ses premières tournées et grave ses premiers disques sous sa direction : l'enregistrement de la Cinquième Symphonie de Beethoven en 1913 est le premier enregistrement intégral d'une œuvre aussi longue. Nikisch inscrit au répertoire les noms de Bruckner, Mahler, Sibelius et Richard Strauss.

Wilhelm Furtwängler - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Wilhelm Furtwängler

Avec Wilhelm Furtwängler, directeur musical de 1922 à 1954, l'orchestre acquiert une sécurité d'exécution ainsi que des sonorités moelleuses et généreuses des instruments à cordes qui marque une époque. Son répertoire s'ouvre à la musique contemporaine et il crée des œuvres de Schönberg (Variations, op. 31, 1928), Kodály (Soir d'été, 1931) et Hindemith (Mathis le peintre, 1934). Pour le cinquantième anniversaire de l'orchestre, Furtwängler commande des partitions à Prokofiev (Concerto pour piano no 5, 1932), Hindemith (Philharmonisches Konzert, 1932) et Honegger (Mouvement symphonique no 3, 1933). Pendant la période nazie, il conserve ses fonctions à la tête de l'orchestre, aidant les musiciens juifs à quitter l'Allemagne. Mais, soupçonné de collusion avec le pouvoir, il sera interdit de direction entre 1945 et 1948 avant d'être lavé de tout soupçon. Leo Borchard (1945) et Sergiù Celibidache (1945-1948) assurent l'intérim.

Herbert von Karajan succède à Furtwängler en 1955 et tourne une page d'histoire : l'orchestre devient une vedette médiatique grâce aux innombrables disques, concerts télévisés, films, tournées... À Salzbourg, il descend dans la fosse au festival de Pâques que fonde Karajan lorsqu'il s'écarte du festival d'été (1967). Sur le plan artistique, Karajan assimile l'acquis de ses prédécesseurs et pousse encore plus[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Médias

Arthur Nikisch - crédits : Nicola Perscheid/ ullstein bild/ Getty Images

Arthur Nikisch

Wilhelm Furtwängler - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Wilhelm Furtwängler

Herbert von Karajan - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

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