ORCHIDALES
L'ordre des Orchidales ( Angiospermes monocotylédones) ne comprend qu'une seule famille, les Orchidacées. Mais, avec 600 genres et plus de 20 000 espèces – on en découvre, chaque année, de nouvelles –, les Orchidacées, la plus grande famille de toutes les plantes vasculaires, sont un magnifique feu d'artifice, dans lequel s'épanouit une lignée issue de l'ordre des Liliales. Les Orchidacées, herbes terrestres ou épiphytes (on n'en connaît pas d'aquatiques) sont représentées dans le monde entier. L'appareil végétatif, très diversement construit, leur permet de s'adapter aux milieux les plus différents. Les fleurs, en revanche, sont édifiées sur un type immuable, et la merveilleuse fantaisie qui les caractérise dépend exclusivement des innombrables modulations de cette architecture invariable (cf. angiospermes et fleur,). À cet égard, les Orchidacées sont comparables aux Crucifères, aux Ombellifères et aux Composées, mais avec une beaucoup plus grande richesse d'expression du type floral unique. Comme les trois familles précitées, elles ne se révèlent que tardivement dans l'histoire paléontologique des Angiospermes : les seuls fossiles indiscutables qu'elles aient laissés datent de la fin du Pliocène ; toutefois, la répartition, aujourd'hui mondiale, des Orchidacées incite à penser qu'elles se sont, en réalité, très anciennement séparées de la souche des Liliales, se sont développées avec lenteur et n'ont atteint que récemment leur épanouissement actuel.
Caractères généraux
La fleur se situe dans le prolongement de celle des Liliales inférovariées (Iridacées, etc.). Comme chez celles-ci, le pistil est formé de trois carpelles, avec ovaire infère, et le périanthe comprend deux verticilles de trois pièces chacun. Mais des différences fondamentales séparent les Orchidacées des Liliales :
– le périanthe est fortement zygomorphe (actinomorphe chez les Liliales) ;
– l'androcée est réduit aux éléments antérieurs des deux cycles staminaux des Liliales (le cycle externe seulement chez les Liliales) ; soit les deux étamines latérales du cycle interne et un staminode (étamine stérile) antérieur ; soit, beaucoup plus généralement, deux staminodes latéraux (cycle interne) encadrant l'étamine antérieure du cycle externe ;
– enfin, et en ceci réside la profonde originalité des Orchidacées, le réceptacle, qui enveloppe complètement l'ovaire, se prolonge sur l'étamine unique (ou les deux étamines) et le style, les soudant en une seule pièce, la colonne (gynostème), portant à son sommet l'anthère (ou les deux anthères) et le stigmate.
Le fonctionnement de ces fleurs est aussi particulier que leur architecture. L'ovaire infère de la fleur qui vient de s'ouvrir ne contient pas d'ovules. Ces derniers ne sont formés que si le stigmate a été pollinisé. La fleur reste épanouie jusqu'à la pollinisation et se flétrit aussitôt après ; la fanaison d'une fleur ouverte en serre ou en appartement peut être ainsi longtemps différée, dans la vaine attente d'un pollen. Chez presque toutes les Orchidacées, les grains de pollen, agglutinés en corpuscules appelés pollinies, sont ainsi transportés collectivement, par des insectes (les Orchidacées sont entomogames), sur la surface stigmatique réceptive. La fleur est désormais assurée de disposer d'une quantité de pollen correspondant au nombre des ovules en puissance. Un signal chimique est alors transmis à l'ovaire, qui se gonfle et forme d'innombrables ovules. La plante ne consent les dépenses nécessaires à ce développement supplémentaire que si la fécondation est garantie.
Du fruit, invariablement capsulaire (trois à six fentes de déhiscence), sort une poussière de graines exalbuminées, minuscules et très légères (de 2 000 à 10 millions de[...]
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Écrit par
- Marcel LECOUFLE : horticulteur-orchidéiste, membre associé du Muséum national d'histoire naturelle, membre d'honneur de la Bromeliard Society des États-Unis
- Georges MANGENOT : professeur honoraire à l'université de Paris-XI
Classification
Médias