ORDET (C. Dreyer)
Ordet, c'est-à-dire la « Parole », ou plus exactement le Verbe dont nous parle la Bible. La puissance, après un demi-siècle, du film de Carl Dreyer (1889-1968) tient pourtant plus au silence qu'à la voix. Silence qui accompagne, sur la bande sonore du film, le moment où Johannes, le fils « perdu » qui parcourt les dunes en se prenant pour le Christ, tente, à la demande de son innocente nièce, de ressusciter sa belle-sœur Inger. Alors, tout est suspendu : le souffle du spectateur, le temps de la projection, la durée du film... Le miracle que nous conte Ordet est également un miracle de cinéma : une hauteur de ton, une forme à nulle autre pareille, tenues de bout en bout et qui sidèrent. Rythme des gestes, lenteur calculée des plans, composition de chaque image, lumière qui exalte la blancheur : cette rigueur esthétique admirable ne laisse pas pour autant de côté l'évocation du carcan mental qui enferme chaque personnage dans ses préjugés religieux, et du carcan social qui étouffe les femmes, jusqu'au message final lancé par la miraculée : « La vie, oui, la vie »...
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Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
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