LIBÉRATION ORDRE DE LA
Destiné à « récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées d'une manière exceptionnelle dans l'œuvre de libération de la France et de son empire », l'ordre de la Libération est fondé par Charles de Gaulle dès le 16 novembre 1940. Si le chef des Français libres considère qu’il incarne la légitimité, il se refuse alors à décerner des croix de guerre sauf pour « exploit contre l'ennemi ». Modifiée ultérieurement, le 7 janvier 1944, l'ordonnance signée à Brazzaville permet au général de Gaulle de nommer, le 29 janvier 1941, les cinq premiers compagnons ; il constitue le conseil de l’ordre. C’est en Palestine, à Qastina, le 26 mai suivant, que sont remises publiquement (tirées d’une enveloppe portée par Geoffroy de Courcel) les premières Croix dont celle du général Catroux.
Seuls 157 résistants des Forces françaises de l'intérieur (FFI) reçurent le ruban vert rayé de noir – couleurs du deuil et de l'espérance – supportant l'écu de bronze surmonté d’un glaive surchargé d’une croix de Lorraine, au revers duquel figure la devise latine Patriamservando, victoriamtulit (« En sauvant la patrie, il – elle – a remporté la victoire »).
De janvier 1941 à janvier 1946, 1 059 croix de la Libération furent décernées, dont 1 036 à des personnes – parmi lesquelles 750 militaires (dont 56 % d’officiers subalternes), 15 ecclésiastiques et seulement 6 femmes ; 271 personnes furent nommées à titre posthume et 108 moururent pour la France avant la fin de la guerre.
Deux croix supplémentaires furent ensuite attribuées par le général de Gaulle, unique grand maître de l'ordre, l'une à Winston Churchill le 18 juin 1958 et l'autre, à titre posthume, au roi George VI, le 2 avril 1960, à la veille du voyage officiel au Royaume-Uni du premier président de la Ve République.
Près de 17 % des compagnons naquirent hors du territoire métropolitain dont 4 % dans l’empire colonial français. Et, parmi les quinze Africains distingués, le sultan Muhammad Ben Youssef, futur roi Mohammed V du Maroc, fut honoré le 29 juin 1945, au cours d'une visite en France. Au total, 58 étrangers furent reconnus compagnons : quatre Américains – dont le général Eisenhower –, sept Belges, cinq Britanniques, deux Espagnols, quatre Hongrois, trois Italiens, un Letton, un Libanais, un Luxembourgeois, deux Néerlandais, trois Polonais, trois Russes, deux Suisses, quatre Tchèques, un Yougoslave. Un tiers des compagnons étrangers reçurent postérieurement la nationalité française.
Dix-huit unités combattantes – trois de la marine, cinq de l'armée de l'air, dix de l'armée de terre – furent distinguées pour des faits d'armes exceptionnels.
Cinq communes sont « compagnons de la Libération » : Nantes, Grenoble, Vassieux-en-Vercors, Paris et l'île de Sein. Elles sont liées, depuis le 3 décembre 1981, par un pacte d'amitié visant à conserver la mémoire de l'ordre après la disparition de celles et ceux dont il avait consacré « les mérites illustres ».
Charles de Gaulle voulait que l'ordre de la Libération demeurât « glorieusement épisodique ». En application de la loi 99-418 du 26 mai 1999, un Conseil national des communes « compagnons de la Libération » avait été mis en œuvre le 16 novembre 2012 pour assurer, après la disparition du dernier compagnon, les traditions du dernier ordre français de chevalerie. Son délégué national fut le colonel Fred Moore, dernier chancelier de l'ordre, qui avait succédé au professeur François Jacob, Prix Nobel de médecine en 1965. Le titre de chancelier d'honneur, institué par décret du 4 mai 2017 revint, à la mort de Fred Moore, à Daniel Cordier, ancien secrétaire de Jean Moulin. Après la disparition de[...]
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Écrit par
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