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SAINT-ESPRIT ORDRE DU

Henri III, roi de France et de Pologne, fonda l'ordre et milice du benoît Saint-Esprit en décembre 1578. L'ordre était destiné à fortifier la foi et la religion catholique, à restaurer le royaume déchiré dans sa splendeur ; le roi voulait raffermir ses liens avec une noblesse turbulente et pallier la décadence de l'ordre de Saint-Michel. Le Saint-Esprit fut choisi comme patron car Henri III avait été élu roi de Pologne et était devenu roi de France le jour de la Pentecôte.

Premier ordre du royaume, le Saint-Esprit était réservé à cent membres catholiques nommés par le roi. À leur baptême, les fils de France (et même les infants d'Espagne) recevaient cordon et plaque (les colliers de Saint-Michel et du Saint-Esprit autour de l'écu aussi), mais n'étaient reçus chevaliers qu'après leur première communion. Chef et souverain, grand maître des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit, le roi n'avait le droit de conférer le Saint-Esprit qu'après son sacre, mais Henri IV, Louis XIV et Louis XV, ainsi que Louis XVIII passèrent outre. Le siège de l'ordre était l'église des Grands-Augustins de Paris, mais les chapitres eurent lieu à Versailles à partir du règne de Louis XIV et aux Tuileries sous la Restauration. En or émaillé, le collier remis aux nouveaux chevaliers était orné de langues de feu rappelant la Pentecôte et d'H rappelant son fondateur ; la croix d'or, à huit pointes et cantonnée de fleurs de lys, portait à son avers une colombe rayonnante et à son revers l'effigie de Saint-Michel. La Révolution abolit les ordres sauf celui de Saint-Louis qui devint décoration militaire (30 juill.-6 août 1791, confirmée par le préambule de la Constitution du 3 sept. 1791) ; ses biens furent aliénés (17-28 mars 1792). Louis XVIII donna les ordres en exil autant que sur le trône, parfois à des souverains orthodoxes et même protestants, ne réclamant plus aucune preuve de noblesse. Le patrimoine de l'ordre avait beaucoup souffert ; les manteaux des grands-officiers avaient pu être sauvés, mais ils ne servirent plus, l'ordre se contentant sous la Restauration d'un petit costume simplifié, créé par Louis XVI (1777), le roi, seul, portant encore l'ancien grand costume. Une enquête de 1814 montrait qu'il n'existait plus en France que cinq colliers : la somme à dépenser pour restaurer l'ordre était énorme et Louis XVIII ne fit que parer au plus pressé. Charles X, après son sacre, recommença les chapitres et les cérémonies habituelles ; les temps forts de l'ordre étaient la Pentecôte, le 1er janvier et le 2 février (Chandeleur) sous l'Ancien Régime, mais la Restauration se contenta généralement de la Pentecôte. Quoique chevalier du Saint-Esprit, Louis-Philippe ne pouvait conserver un ordre lié à l'Ancien Régime.

Les musées du Louvre, de Cluny et de la Légion d'honneur ont de nombreux insignes, manteaux et pièces du trésor d'un ordre prestigieux que des souverains ont préféré à la Toison d'or. L'ordre du Saint-Esprit fut d'ailleurs original, par son emploi d'une croix « de Malte » en France et par la mise du Saint-Esprit dessus (ce qui engendra bien des commentaires sur cette symbolique), par son ruban bleu (copié par de nombreux ordres européens et par l'actuel ordre du Mérite). Sous les règnes d'Henri IV et de Louis XIII, il subit une transformation importante : les cavaliers étant gênés par la croix en sautoir qui sautait devant eux, passèrent le cordon sous le bras, ce qui engendra une écharpe et ainsi ce grand cordon, employé de nos jours par tous les ordres importants du monde ; enfin, la plaque du manteau en paillette fut aussi une innovation et elle est à l'origine de toutes les plaques du monde. Sur le plan héraldique, c'est à partir de 1578 que l'on[...]

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Écrit par

  • : vice-président de l'Académie internationale d'héraldique

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  • VALOIS

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    • 3 médias
    ...Ronsard et ses compagnons de la Pléiade à Philippe Desportes, et ce sera le mérite d'Henri III de les avoir réunis en une compagnie, l'Académie des Valois, au même moment où, pour récompenser ses plus fidèles de la noblesse de France, il créait l'ordre duSaint-Esprit (1579).