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ORFÈVRERIE

Le XVIIe siècle : baroque et orfèvrerie

Le début du xviie siècle reste fortement marqué par le goût maniériste ; toutefois, l'orfèvrerie ne pouvait échapper bien longtemps à l'emprise du baroque. Celui-ci se manifesta par un profond renouvellement des formes et des décors, un sens accru du relief, une recherche croissante de richesse et de monumentalité, parfois fortement marqué par une inspiration fantastique, comme dans les œuvres des Hollandais Van Vianen, initiateurs du style auriculaire (style qui se caractérise par un motif en forme d'oreille). L'influence baroque se perçoit tout particulièrement dans les œuvres monumentales des orfèvres italiens, tels Fantino Taglietti ou Carlo Spagna. En Allemagne, dont le rayonnement s'étend à toute l'Europe centrale, Augsbourg est le centre le plus actif.

En France, une période particulièrement brillante fut celle du règne de Louis XIV, dont les énormes commandes permirent la constitution du célèbre mobilier d'argent de Versailles, exécuté dès les années 1660 par une nombreuse équipe d'orfèvres que domine Claude Ballin. Tables, miroirs, guéridons, chenets, lustres, vases et autres objets dessinés par Charles Le Brun composaient un ensemble d'une ampleur incomparable ; admiré de tous les contemporains, il n'en fut pas moins intégralement envoyé à la fonte par le roi lui-même dès 1689, pour des raisons financières. Si rien n'en subsiste, à part quelques dessins ainsi que les minutieuses descriptions des inventaires, on peut en évoquer l'apparence grâce aux ensembles plus modestes commandés par les cours étrangères, et notamment conservés en Angleterre (château de Windsor) ou au Danemark (château de Rosenborg, Copenhague).

Cependant, la vogue des meubles d'argent, qui doit être considérée comme le point culminant de l'art baroque dans le domaine de l'orfèvrerie, ne survécut pas au xviie siècle ; en France, leur fabrication fut même interdite par des édits somptuaires. L'activité des orfèvres parisiens se trouva donc d'autorité limitée à une production plus modeste en dimension ; ils n'en furent pas pour autant moins actifs, se consacrant désormais à la fabrication de services de table ou de toilette. Nicolas Delaunay, orfèvre du roi, personnalité marquante de la fin du règne, a joué un rôle de premier plan dans la définition d'un style nouveau, plus léger, véritable introduction à l'art du xviiie siècle. Ce style, auquel on a donné d'une manière très large le nom de régence, est en fait celui du premier tiers du xviiie siècle ; il est caractérisé par un abandon total du répertoire baroque, au profit de l'adoption de formes simplifiées, de volumes épurés, judicieusement mis en valeur par une ornementation ciselée dont l'inspiration découle directement des gravures de Berain. En France, parmi les meilleurs représentants de ce style, il convient de citer Nicolas Besnier, Sébastien Leblond ou Claude II Ballin. La révocation de l'édit de Nantes, en 1685, eut, entre autres conséquences, celle de contraindre à l'exil bon nombre d'orfèvres huguenots ; ceux-ci s'établirent surtout en Hollande et en Angleterre, où ils transplantèrent le goût français ; tel est le cas de Pierre Harache, de David Willaume et, plus tard, de Paul de Lamerie.

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Écrit par

  • : conservateur en chef au département des Objets d'art du musée du Louvre

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Médias

Œnochoé ornée d'une scène de sacrifice - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Œnochoé ornée d'une scène de sacrifice

Couronne de Verghina - crédits :  Bridgeman Images

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