- 1. De l'Antiquité au Moyen Âge
- 2. De la Renaissance au maniérisme
- 3. Le XVIIe siècle : baroque et orfèvrerie
- 4. Le XVIIIe siècle : du style rocaille au néo-classicisme
- 5. Le XIXe siècle : du premier Empire à l'éclectisme
- 6. Le XXe siècle : art nouveau, art déco, tendances contemporaines
- 7. Bibliographie
ORFÈVRERIE
Le XVIIIe siècle : du style rocaille au néo-classicisme
C'est vers 1725-1730 que s'opéra un nouveau changement de goût, qui devait se traduire par l'épanouissement, en France, du genre pittoresque ou style rocaille, dont le rococo doit être considéré comme l'expansion internationale. L'orfèvre, dessinateur et architecte Juste Aurèle Meissonnier a sans aucun doute joué un rôle moteur dans la genèse de ce nouveau style, caractérisé par un goût effréné pour les formes torturées, déchiquetées et asymétriques, les courbes et les contre-courbes, les ornements d'inspiration naturaliste, les minéraux, les coquillages, les congélations, les animaux et les végétaux, où la figure humaine occupe aussi une place de choix. Les grands orfèvres français de la période sont innombrables : citons, à Paris, Thomas et François Thomas Germain, Antoine Sébastien Durand, les Balzac, les Cousinet, François Joubert, les Roettiers ; à Toulouse : les Sanson et les Vinsac ; à Strasbourg : Jacques Henri Alberti ou Jean Henry Oertel. La renommée de l'orfèvrerie française est alors si grande que leur clientèle est internationale : les souverains de l'Europe entière leur passent commande sur commande, ainsi Jean V et Joseph Ier de Portugal, Pierre le Grand puis Élisabeth de Russie, Philippe V d'Espagne, Frédéric V de Danemark... Les ensembles conservés à Lisbonne, Copenhague et Saint-Pétersbourg compensent dans une certaine mesure l'anéantissement précoce des commandes de Louis XIV et de Louis XV, fondues à la Révolution. Par comparaison, la production des orfèvres anglais (Paul de Lamerie), allemands, italiens ou espagnols, quoique non négligeable, paraît quelque peu éclipsée.
À partir de 1760, une évolution générale se perçoit, à la fois occasionnée par une indéniable lassitude face aux fantaisies du rocaille et stimulée par la redécouverte des sites de Pompéi et d'Herculanum ; peu à peu s'affirme le néo-classicisme dont les premières manifestations dans l'orfèvrerie se font sentir chez François Thomas Germain et chez Jacques Nicolas Roettiers ; de ce dernier, citons le célèbre service Orloff, commandé par Catherine II en 1770 (Louvre et musée Camondo). Robert Joseph Auguste, orfèvre de Louis XVI, fournisseur des grandes cours d'Europe – Portugal, Russie, Suède, Angleterre, Danemark –, a laissé les œuvres les plus significatives de l'orfèvrerie de la période néo-classique, caractérisée par un retour aux formes géométriques associées au répertoire ornemental de l'Antiquité. En Angleterre, le style Adam, dont on trouve l'écho jusqu'aux États-Unis, est illustré par de nombreux orfèvres tels que John Carter, Henry Greenway ; c'est à Sheffield et à Birmingham que furent développées de nouvelles techniques permettant une fabrication économique, le plaqué ou doublé, promise à un fécond avenir. L'Italien Valadier, l'Espagnol Martinez témoignent par leur abondante production de la diffusion internationale du retour au classicisme.
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Écrit par
- Gérard MABILLE : conservateur en chef au département des Objets d'art du musée du Louvre
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