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ORFÈVRERIE

Le XXe siècle : art nouveau, art déco, tendances contemporaines

Jusque vers 1890, l'orfèvrerie ne s'écarta guère des tendances précédentes. C'est en Lucien Falize qu'il faut voir le précurseur de ce que l'on allait bientôt appeler l'Art nouveau. Doué d'une grande imagination poétique et pourvu d'une solide culture littéraire, il voulait faire de chaque objet un poème ; en cela, il illustre parfaitement les liens qui unissent l'Art nouveau et le symbolisme. Dès 1878, dans son plat « au céleri » (musée des Arts décoratifs, Paris), apparaissent les caractères d'un véritable renouvellement : lignes courbes omniprésentes, végétaux traités en toute liberté, dont la source inavouée et indéniable, le rocaille, n'en est pas moins totalement transfigurée ; l'historicisme était enfin remis en question. Les années qui précédèrent l'Exposition de 1900 consacrèrent la victoire de ce nouveau style ; les œuvres de Falize, Vever, Cardeihhac, Lalique ou Christofle l'adoptèrent sans condition. Pourtant, le public se lassa très vite des formes sinueuses de l'Art nouveau et marqua jusqu'en 1914 sa préférence pour le pastiche. Au lendemain de la guerre, l'univers culturel hérité du xixe siècle était bel et bien révolu. Comme tous les autres secteurs de la création artistique, l'orfèvrerie dut se tourner vers de nouveaux horizons. Avant la guerre, le cubisme avait révolutionné la création dans le domaine de la peinture et de la sculpture ; depuis lors, les nouvelles théories que Gropius enseignait à Weimar au Bauhaus condamnaient la profusion d'ornements qui caractérisait l'art occidental depuis plusieurs siècles. Certes, l'orfèvrerie, art du luxe par excellence, ne pouvait rompre purement et simplement avec son passé, auquel elle resta fidèle au moins dans le domaine de la qualité. Les formes, en revanche, furent fondamentalement renouvelées ; on put le constater à l'exposition des Arts décoratifs de 1925, qui devait donner son nom au style nouveau, baptisé « arts déco ». En matière d'orfèvrerie, les créateurs se rallièrent rapidement aux nouvelles tendances, en particulier Jean Tétard, Aucoc, Saglier, Ravinet d'Enfert. Le plus célèbre fut sans aucun doute Jean Puiforcat dont le style ample, robuste et puissant, reposant sur une grande science mathématique des proportions, doit être considéré comme le dernier représentant d'une longue tradition. En revanche, celle-ci ne devait guère trouver durant la seconde moitié du xxe siècle un cadre bien propice à sa survie ; le coût de la matière première, progressivement remplacée par des métaux moins nobles – aluminium, acier, plaqué –, a considérablement réduit la création. Toutefois, que ce soit en Europe ou aux États-Unis, certains créateurs tel Goudji s'efforcent avec succès de maintenir le travail des métaux précieux parmi les secteurs dynamiques de la création.

— Gérard MABILLE

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Écrit par

  • : conservateur en chef au département des Objets d'art du musée du Louvre

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Médias

Œnochoé ornée d'une scène de sacrifice - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Œnochoé ornée d'une scène de sacrifice

Couronne de Verghina - crédits :  Bridgeman Images

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