ORGANISATION DISCONTINUE DU TISSU NERVEUX
Les éléments qui composent le tissu nerveux sont-ils en continuité ou seulement en contiguïté ? La question oppose, à la fin du xixe siècle, les « réticulistes », partisans d'un tissu nerveux constitué de cellules anastomosées par leurs dendrites et leurs axones en de véritables réseaux continus, et les « neuronistes », pour qui chaque cellule nerveuse est parfaitement individualisée, nommée neurone (W. Waldeyer, 1891). Si l'histologiste italien Camillo Golgi (1844-1926) est un « réticuliste » fervent, son confrère espagnol Santiago Ramón y Cajal (1852-1934), avec lequel il partagera le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1906, montre au contraire que les prolongements nerveux ne s'unissent jamais. Pour Cajal, auteur d'une imposante Histologie du système nerveux de l'homme et des vertébrés (1894-1904), les cellules nerveuses sont des « unités anatomiques indépendantes », comme W. His l'avait proposé dès 1889, agissant les unes sur les autres par contact : elles sont contiguës, jamais continues. La controverse entre « réticulistes » et « neuronistes » ne s'éteindra vraiment qu'avec l'avènement, dans les années 1950, de la microscopie électronique. Entre-temps, le pharmacologue allemand Otto Loewi aura démontré l'existence d'une transmission chimique de l'influx nerveux d'un neurone à un autre à travers l'espace (synapse) qui les sépare.
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Écrit par
- Pascal DURIS : professeur en histoire des sciences, université de Bordeaux
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