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ORGANISATION SOCIALE

Fonctionnement de l'organisation sociale

L'analyse de la société d'après les différents niveaux de l'organisation sociale serait en effet gratuite, si elle n'introduisait à une étude des fonctionnements. De ce point de vue, il y a lieu de distinguer deux cas. Dans un cas, les groupes différenciés existent actuellement, les éléments dont ils se composent sont des individus engagés dans une interaction effective, les acteurs sociaux sont donc non seulement des sujets de rôles, mais des agents en relation de face-à-face. Dans l'autre cas, les groupes différenciés ne s'actualisent que pour certaines opérations, les relations entre groupes sont distinctes des interactions entre individus, le face-à-face disparaît ou, s'il subsiste, c'est sans marge de liberté dans la manière de remplir le rôle. Le premier cas est celui des formes de l'organisation familiale, le second, celui des formes d'organisation dualiste, lignagère, tribale ou politique.

L'organisation familiale

Les dyades constituant la famille nucléaire, la famille polygamique ou la famille étendue déterminent le système des interactions possibles entre les membres du groupe familial. Ces interactions sont variées, mais toujours marquées affectivement. C'est de leur jeu que dépend le fonctionnement de l'organisation familiale.

F. Cancian a pu ainsi montrer, sur un échantillon d'Indiens mexicains, que le niveau d'intensité de l'affectivité dans les relations dyadiques varie de famille à famille, mais que dans une même famille les membres investissent les uns à l'égard des autres la même intensité d'affectivité. La mesure de cette intensité pour une dyade permet alors de prédire l'intensité de l'affectivité investie dans les autres dyades.

Toutefois la variation intraculturelle dans le jeu des interactions n'est pas la seule et l'on sait, depuis l'étude de Radcliffe-Brown sur le frère de la mère en Afrique du Sud, que la variation interculturelle dans les connotations affectives des relations dyadiques n'est ni moins forte, ni moins significative. Si l'on nomme «   patriarcale », avec Radcliffe-Brown, une société où la descendance est patrilinéaire, où le mariage est patrilocal (l'épouse vient habiter dans le groupe local de son mari), où l'héritage des biens et la succession dans le rang se font en ligne masculine et où l'autorité est détenue par le père et ses parents, alors on nommera «   matriarcale » une société où la descendance, l'héritage et la succession se font en ligne féminine, où le mariage est matrilocal (le mari vient habiter dans la maison de sa femme) et où l'autorité sur les enfants est exercée par les parents de la mère. Certes, la distinction entre ces deux types de société n'est pas absolue : dans la société la plus rigoureusement patriarcale, une certaine importance est attribuée à la parenté par la mère, et vice versa. Or on observe, sur un grand nombre de cas africains et océaniens, que le contenu des relations dyadiques paternelles et maternelles est « déséquilibré », et que l'équilibre ne s'établit que par l'intervention des relations dyadiques différentes de celles que détermine la composition de la famille dans la culture étudiée. C'est ainsi que dans les sociétés « patriarcales » le neveu entretient avec le frère de sa mère les relations aisées et enjouées qu'il ne peut entretenir avec son père : le déséquilibre créé par la relation père-fils est rétabli par la relation neveu-oncle maternel (Radcliffe-Brown, Le Frère de la mère en Afrique du Sud). On voit comment, pour comprendre le fonctionnement de l'organisation familiale, il faut opérer à plusieurs niveaux : la famille nucléaire, et le groupe de consanguins et d'alliés.

Relations dyadiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Relations dyadiques

L'analyse[...]

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Écrit par

  • : conservateur en chef du musée des Arts et Traditions populaires, directeur de recherche au C.N.R.S.

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Indiens de la Fraser River - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis/ Getty Images

Indiens de la Fraser River

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