ORGANISME VIVANT
L'apparition de la vie sur Terre, voici près de 4 milliards d'années, a certainement été un phénomène très progressif et la frontière entre l'inerte et le vivant a sans doute alors été plutôt floue. De nos jours, en revanche, la vie est le propre d'êtres bien délimités – les organismes –, différant des objets inertes par leur organisation complexe, riche en substances carbonées dites organiques, et par leur aptitude à extraire du milieu extérieur matière et énergie grâce auxquelles ils s'entretiennent, s'accroissent harmonieusement et se reproduisent.
Cellules et organismes
Selon la théorie cellulaire, née au xixe siècle et actuellement incontestée, tout être vivant est formé d'au moins une cellule, volume délimité par une mince et souple membrane plasmique, au travers de laquelle les milieux intracellulaire et extracellulaire échangent matière et énergie. Les molécules de la cellule appartiennent à deux catégories. Celles du matériel génétique portent l'information nécessaire à la réalisation, en interaction avec des signaux d'origine extracellulaire, de toutes les fonctions de la cellule. Les autres participent à une machinerie qui utilise cette information, principalement en synthétisant et en structurant ses propres éléments, en copiant à l'identique le matériel génétique et, le moment venu, en scindant la cellule en deux cellules-filles. Le matériel génétique est fait d'acides désoxyribonucléiques (ADN) ; la machinerie comporte essentiellement acides ribonucléiques (ARN) et protéines, les premiers impliqués dans la lecture de l'information génétique et dans la synthèse des secondes, dont beaucoup sont des catalyseurs chimiques.
Ce schéma général ne souffrant aucune exception, et l'information génétique étant exprimée dans un langage universel, on pense que tous les êtres vivants actuels dérivent d'une même forme ancestrale. Celle-ci est supposée unicellulaire, c'est-à-dire constituée de cellules aptes à vivre et à se multiplier indépendamment les unes des autres. Sa descendance s'est rapidement diversifiée, avec pour résultat l'individualisation de lignées dont trois seulement se sont maintenues jusqu'à nos jours. Dans deux d'entre elles, archées et eubactéries, qui diffèrent par une foule de caractères moléculaires, la cellule, dite procaryote, n'est pas compartimentée, d'où notamment une étroite proximité entre matériel génétique et machinerie. Chez les Eucaryotes, au contraire, des membranes internes dérivées de la membrane plasmique compartimentent la cellule, séparant notamment le noyau, renfermant le matériel génétique, du cytoplasme, qui héberge une large part de la machinerie.
Après leur séparation, les trois lignées « primaires » se sont à leur tour diversifiées en rameaux dont certains ne présentent, de nos jours encore, que des unicellulaires, tandis que d'autres renferment des êtres pluricellulaires, constitués, à l'image des animaux et des plantes qui nous sont familiers, de nombreuses cellules étroitement interdépendantes.
Toutes les cellules d'un pluricellulaire dérivent en dernière analyse d'une cellule unique, par un processus complexe, dit développement, qui comporte non seulement une multiplication cellulaire, mais aussi la différenciation d'un certain nombre de types cellulaires de formes et de fonctions distinctes. Il est quasi certain que la pluricellularité est apparue indépendamment dans plusieurs rameaux évolutifs séparés depuis longtemps déjà, les plus connus appartenant aux Eucaryotes (animaux, champignons, végétaux verts, algues brunes, algues rouges, etc.).
Chez les champignons pluricellulaires, l'organisme est un simple filament croissant et se ramifiant par une extrémité. Celle-ci peut entrer en contact avec un autre rameau et[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean GÉNERMONT : professeur à l'université de Paris-Sud, Orsay
Classification
Autres références
-
ANIMAUX MODES DE REPRODUCTION DES
- Écrit par Catherine ZILLER
- 4 447 mots
- 4 médias
Tout être vivant tend à se conserver en tant qu'individu et à se perpétuer en tant que membre d'une espèce. Ces deux tendances reposent l'une et l'autre sur une faculté fondamentale de la matière vivante, la faculté de se reproduire. La reproduction a pu être définie par Buffon (1748) comme...
-
AUTOMATES CELLULAIRES
- Écrit par Philippe COLLARD
- 2 345 mots
L'intelligence artificielle (I.A.), en proposant de concevoir des machines dotées de capacités de « raisonnement », constitue la première tentative pour implanter et étudier sur des médias artificiels certaines caractéristiques du monde vivant. Cet objectif trop ambitieux a conduit l'I.A. à un échec...
-
AUTO-ORGANISATION
- Écrit par Henri ATLAN
- 6 255 mots
- 1 média
Dans les artefacts, par définition construits par l'homme en vue de fins et suivant des plans déjà définis, la signification des structures et des fonctions est définie par rapport à ces fins. C'est dire que, comme ces fins elles-mêmes, extérieures à la machine qu'elles orientent,...
-
BIOLOGIE - L'être vivant
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Andrée TÉTRY
- 5 069 mots
- 1 média
Le terme « biologie » (β́ιος, vie, et λ́ογος, science) désigne la science qui étudie les êtres vivants, la vie. Il est utilisé, pour la première fois par le médecin allemand Gottfried R. Treviranus (1776-1832), dans Biologie oder Philosophie der lebendenNatur (Biologie ou Philosophie...
- Afficher les 27 références