Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ORGANON, Aristote Fiche de lecture

Langage et pensée : la naissance de la logique

On n'a pas manqué de se demander, au regard de l'évolution de la logique (qui ne recourt plus aujourd'hui aux langues dites naturelles mais à des écritures mathématiques), si la logique aristotélicienne pouvait être qualifiée de « formelle ». Les linguistes de leur côté ont souligné le lien étroit des catégories d'Aristote avec les « catégories fondamentales de la langue dans laquelle il pense » (Benveniste), c'est-à-dire le grec ancien, caractérisé notamment par un usage très extensif du verbe « être » (il sert également de copule) et des substantifs qui en sont dérivés. Mais la linguistique comprise comme science tente à son tour de formaliser les langues – et même l'ensemble des langues qu'elle étudie : tel est l'enjeu de la « grammaire universelle » chez Chomsky. Quant à l'effort d'Aristote pour isoler la dimension proprement logique du raisonnement (abstraction faite du « sens »), sa nature « opératoire » ou logistique, outre qu'il a été déterminant dans l'histoire de la pensée (le long conflit au Moyen Âge entre dialecticiens et théologiens en porte témoignage), y compris parfois par la méconnaissance et le rejet (les Modernes identifiant l'aristotélisme à un « galimatias » – avant de retrouver, notamment dans la tradition analytique, son souci de rigueur déductive), il apparaît bien aux yeux de l'historien comme authentiquement créateur : Aristote est « le premier qui ait écrit mathématiquement en dehors des mathématiques », a pu écrire Leibniz – c'est-à-dire le premier à avoir pris au sérieux les « négligences de forme » comme cause de l'erreur.

— François TRÉMOLIÈRES

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Média

Aristote - Stagire (Macédoine) - crédits : Argus/ Fotolia

Aristote - Stagire (Macédoine)

Autres références

  • NOVUM ORGANUM (F. Bacon)

    • Écrit par
    • 781 mots

    Le philosophe anglais Francis Bacon (1561-1626), au terme de plusieurs ébauches, fait paraître en 1620 son ouvrage le plus célèbre, le Novum Organum(c’est-à-dire « Le nouvel instrument »). Son ambition est de fournir une nouvelle logique pour la science à venir et par là même – comme le suggère...