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ORGUE ÉLECTRONIQUE

Si la plupart des inventions fondées sur divers principes électromécaniques appliqués à des instruments traditionnels sont restées sans lendemain, il faut faire une exception pour celles qui concernent l'orgue à tuyaux. Cet instrument, cher et difficile à construire, était certainement le plus prédestiné à être électrifié, puis à utiliser toutes les ressources de l'électronique et de l'informatique.

Dès le milieu du xixe siècle, la commande de l'arrivée de l'air dans les tuyaux commença à être obtenue grâce à de petits électro-aimants reliés aux touches des claviers. Bientôt, ces systèmes électriques remplacèrent presque complètement les fragiles et complexes dispositifs mécaniques des orgues neufs. Cependant, malgré d'indéniables avantages, comme, par exemple, la possibilité d'éloigner à volonté la console du buffet, la commande électrique des grandes orgues ôtait toute sensibilité au toucher du clavier, et certaines modernisations d'instruments anciens furent catastrophiques. Citons en revanche le succès des souffleries à moteur électrique, qui se sont totalement substituées aux autres systèmes. L'électrification des orgues à tuyaux ne changeait pas le timbre des instruments et n'apportait pas de nouveaux sons. Ce n'est qu'avec l'apparition du courant alternatif que commença l'aventure de l'orgue électronique.

Le nom d'orgue électronique apparaît pour la première fois en 1928 avec un instrument proposé par Armand Givelet et Édouard Coupleux. En 1934, l'orgue Hammond de l'Américain Laurens Hammond marque la consécration de ces nouveaux instruments. L'orgue Hammond, qui se répand dans le monde entier et qui va, en particulier, être utilisé dans le gospel et le blues, puis adopté par les musiciens de jazz, se présentait vraiment comme un concurrent des orgues à tuyaux, si bien que les fabricants américains tentèrent d'interdire à Hammond l'utilisation du mot orgue.

À la fin des années 1940, de nombreux constructeurs lancèrent sur le marché des orgues électroniques, surtout destinées à séduire un public d'amateurs ainsi que les musiciens de variétés et de danse. Hélas ! ces instruments manquaient d'originalité, voire de qualité sonore, et, surtout, laissaient planer l'idée que, avec l'orgue électronique, la pratique de la musique pouvait se faire sans effort ni apprentissage.

Vers la fin des années 1950, l'orgue électronique fut introduit dans les orchestres de rock. Mais bientôt une nouvelle classe d'instruments connus sous le nom de clavier apparut, détrônée par la suite par le synthétiseur, appareil plus riche en possibilités, quoique n'entrant déjà plus dans la famille des orgues électroniques.

Ces instruments sont désormais dotés d'une interface normalisée de communication avec un micro-ordinateur, dite M.I.D.I. (musical instrument digital interface). À côté des orgues de variétés et de jazz, il faut citer les réalisations destinées aux orgues d'église. L'informatique offre des possibilités nouvelles qui peuvent être illustrées par deux types d'instruments : le premier type est représenté par les grandes orgues de Notre-Dame de Paris, dans lesquelles la transmission est intégralement électronique et informatisée (1992) ; dans le second type, la transmission demeure mécanique mais est dotée de capteurs qui enregistrent les déplacements des touches, tirasses et pédales, ou ceux des soupapes d'admission de l'air dans les tuyaux (orgue neuf du Conservatoire national supérieur de musique de Lyon, 1993).

— André-Pierre BOESWILLWALD

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Écrit par

  • : compositeur, membre fondateur de la Confédération internationale des musiques électro-acoustiques (C.I.M.E.-U.N.E.S.C.O.), chercheur au Groupe de musique électro-acoustique de Bourges, professeur au Conservatoire national de la région d'Amiens, conseiller fondateur du studio Delta P à La Rochelle

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