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ORGUEIL ET PRÉJUGÉS, Jane Austen Fiche de lecture

<em>Orgueil et préjugés</em>, J.Wright. - crédits : Working Title/ The Kobal Collection/ Alex Bailey/ Aurimages

Orgueil et préjugés, J.Wright.

Orgueil et préjugés (Pride and Prejudice) reste à ce jour le roman le plus populaire de l'anglaise Jane Austen (1775-1817), mais aussi le plus représentatif de sa maîtrise et de son art subtil de la contradiction. Plus encore que dans ses autres œuvres, Jane Austen feint de se soumettre aux conventions romanesques et d'épouser l'idéologie de la « romance » (roman sentimental), pour mieux en démonter les contradictions et les faux-semblants.

Un roman sentimental

La trame du récit est étroitement calquée sur celle de la « comédie romantique » illustrée par certaines œuvres de William Shakespeare, en particulier Beaucoup de bruit pour rien (1600) : le lecteur suit les vicissitudes amoureuses d'un couple de jeunes gens que tout semble devoir séparer, mais que les strictes lois de la comédie prédestinent d'entrée l'un à l'autre. Le trait de génie de Jane Austen réside dans la manière dont elle s'approprie les principes de base de la comédie sentimentale, dont elle les adapte au contexte de la société georgienne du tournant du xixe siècle, afin de démonter les mécanismes sociologiques et idéologiques régissant un univers strictement normé, mais néanmoins en proie à un doute latent.

Tout semble en effet opposer Elizabeth Bennet à Fitzwilliam Darcy : « Absorbée par les progrès du penchant de Mr Bingley pour sa sœur, Elizabeth était loin de se douter qu'elle-même avait fait grande impression sur son ami, Mr Darcy. Certes, celui-ci avait tout juste admis qu'elle fût jolie. [...] Mais à peine se fût-il persuadé qu'elle n'avait qu'un joli visage, qu'il y découvrit le reflet d'une intelligence peu commune, manifestée surtout dans la magnifique expression de ses yeux sombres. » Le caractère tout d'abord : si Elizabeth se veut une observatrice acerbe des folies du monde, elle sait aussi faire son miel des bonheurs de la conversation sociale, alors que Darcy semble très vite un misanthrope invétéré. Mais c'est avant tout la naissance qui paraît devoir les séparer irrémédiablement : si Elizabeth Bennet est issue de la petite noblesse, et ne saurait donc, de ce fait, entretenir de folles ambitions d'alliances, Darcy constitue en revanche l'un des plus beaux partis de l'Angleterre, du fait de sa fortune colossale et de son ascendance aristocratique. Pourtant, Darcy et Elizabeth finiront par se marier.

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Écrit par

  • : professeure des Universités, université de Paris-VII-Denis-Diderot

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<em>Orgueil et préjugés</em>, J.Wright. - crédits : Working Title/ The Kobal Collection/ Alex Bailey/ Aurimages

Orgueil et préjugés, J.Wright.

Autres références

  • AUSTEN JANE (1775-1817)

    • Écrit par
    • 2 764 mots
    • 3 médias
    Orgueil et préjugés décrit le conflit entre Elizabeth Bennet, fille d'un gentleman provincial, et Fitzwilliam Darcy, riche propriétaire terrien aristocratique. Si Jane Austen les montre intrigués l'un par l'autre, elle renverse les « premières impressions » conventionnelles : l'« orgueil » que Darcy...