ORIENTATION ANIMALE
Les phénomènes d'orientation comprennent, dans l'ensemble des conduites animales, toute une série de comportements tendant à permettre à un groupe d'animaux d'atteindre une localisation particulière dans l'espace. Une telle définition n'a toutefois qu'une valeur très générale et risque d'induire en erreur si on la prend dans son sens purement littéral. Il existe en effet plusieurs variétés d'orientation de l'organisme, qui n'impliquent pas nécessairement que celui-ci modifie sa position initiale d'ensemble pour aller en occuper une autre. C'est le cas des réflexes d'orientation, des attitudes stéréotypées, de certaines catégories particulières de réactions posturales et de quelques autres comportements spécifiques. Toutefois, dans les cas d'orientation les plus fréquemment étudiés en psychologie animale, l'organisme se meut effectivement d'un lieu à l'autre, et ce sur des distances très variables. Lorsque le déplacement global s'effectue à l'intérieur des limites de la niche écologique, on parle de taxies. Si les taxies déterminent une locomotion généralisée dans l'habitat type, l'extension de ce dernier n'étant pas définie au départ, il s'agit de conduites d'exploration. Celles-ci peuvent dépendre fondamentalement des taxies ou simplement les inclure à titre de composantes partielles. On observe également l'existence de composantes taxiques au niveau des actes consommatoires, qui constituent la phase terminale des instincts majeurs.
Dans toutes les catégories qui viennent d'être distinguées, l'organisme animal conserve avec son milieu ambiant habituel un contact sensori-moteur proximal. C'est pourquoi les composantes d'orientation qui interviennent dans ces comportements ont moins frappé les observateurs que les phénomènes groupés dans la rubrique de l'orientation lointaine. Dans celle-ci, l'animal se déplace vers un lieu très éloigné d'un habitat qu'il n'occupe que de façon temporaire. En réalité, l'orientation lointaine permet à un animal de se déplacer périodiquement entre deux habitats saisonniers. Elle exige des procédés de navigation, au sens technique du terme, et se produit à l'occasion de migrations collectives génétiquement déterminées.
De nombreuses recherches ont étudié les aspects physiologiques, sensoriels, génétiques et éthologiques des phénomènes d'orientation. L'examen de ces travaux permet d'affirmer qu'il s'agit d'un domaine capital de la conduite animale. On pourra se convaincre, à propos de la navigation animale, de l'importance de celle-ci dans la survie des espèces. Outre l'orientation spatiale, qui en définit les aspects les plus patents, la navigation fait également intervenir une estimation du temps qui se rattache aux phénomènes actuellement désignés par le vocable d'horloge physiologique ou de rythmes circadiens.
Réflexes d'orientation
Les réflexes d'orientation sont des actions partielles d'un segment de l'organisme, dont le résultat est, en règle générale, de placer l'organisme dans des conditions optimales de réponse à une source de stimulation spécifique : il en est ainsi pour l'orientation binoculaire de la ligne de regard dans la fixation visuelle et pour l'orientation de la tête dans la localisation d'un stimulus acoustique. Les réflexes d'orientation ont été étudiés pour la première fois par Zelluy en 1906 au laboratoire de Pavlov. Selon Berlyne (1963), les réflexes d'orientation sont des phénomènes dont la complexité dépasse de loin la simple prédisposition sensorielle à réagir à une stimulation locale et comprendraient, outre les ajustements au niveau des récepteurs, une activation de l'électro-encéphalogramme, des processus végétatifs, des processus physico-chimiques et musculaires[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Georges THINÈS : professeur honoraire à l'université de Louvain, membre de l'Académie royale des sciences et de l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, membre correspondant du Muséum national d'histoire naturelle de Paris
Classification
Médias
Autres références
-
DANSE DES ABEILLES
- Écrit par Antoine CHAFFIOL et Minh-Hà PHAM-DELÈGUE
- 502 mots
- 1 média
Le zoologue autrichien Karl von Frisch, Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1973, a réalisé des travaux décisifs concernant la communication sociale chez l'abeille. Ainsi, avant les années 1950, il a décodé la danse qu'exécute une abeille butineuse lors de son retour...
-
LANGAGE DES ABEILLES
- Écrit par Minh-Hà PHAM-DELÈGUE
- 212 mots
- 1 média
Depuis des siècles, des danses d'abeilles à l'intérieur de la ruche ont été observées. Mais leur signification reste inconnue jusqu'aux travaux décisifs de Karl von Frisch, publiés dès 1927 : Aus dem Leben der Bienen (La Vie des abeilles). Celui-ci découvre que les...
-
MIGRATIONS ANIMALES
- Écrit par Valérie CHANSIGAUD et Jean DORST
- 11 698 mots
- 17 médias
Les repères olfactifs jouent un rôle important chez les poissons et peut-être chez les mammifères, mais l'orientation des oiseaux et sans doute d'autres animaux met en jeu une véritable navigation d'après des repères astronomiques. -
PRIMATES
- Écrit par Bertrand L. DEPUTTE
- 22 942 mots
- 12 médias
...verus ; Loireau, 1985). Dans de nombreux cas, chez les Prosimiens nocturnes et diurnes, chez les Platyrhiniens, voire chez le cercopithèque de Brazza, l'imprégnation de l'environnement par des marques odorantes facilite l'orientation spatiale et l'individualisation du domaine vital.