ORIGINE ET ÉVOLUTION DES OISEAUX

Les extinctions dans l’histoire évolutive des oiseaux

Comme chez tous les groupes d’êtres vivants, les phénomènes d’extinction ont joué un rôle très important dans l’histoire évolutive des oiseaux. Comme on l’a vu, la crise biologique ayant eu lieu à la limite des ères mésozoïque et cénozoïque a provoqué un tournant dans leur évolution, conduisant à la disparition des groupes archaïques et favorisant l’essor des néornithes. Au cours du Cénozoïque, on ne relève pas de crise particulièrement notable chez les oiseaux, qui aurait pu faire diminuer leur diversité de façon significative. La tendance générale est plutôt à une grande diversification qui s’accompagne d'adaptations à des milieux et des modes de vie très variés. Il n'en reste pas moins que certains groupes s'éteignent totalement après avoir connu un certain succès évolutif, sans qu'il soit toujours facile de trouver une explication à ces disparitions. C'est le cas, on l'a vu, de certains oiseaux géants terrestres tels que les gastornithidés, qui s'éteignent au cours de l'Éocène, il y a environ 43 Ma, et les phorusrhacidés, qui disparaissent vers 3 Ma, au Pliocène (ou même un peu plus tard, au Pléistocène, en Uruguay), victimes peut-être de la compétition des mammifères carnivores à la fin de l'isolement de l'Amérique du Sud (qui a lieu il y a environ 3 Ma). On peut citer aussi l'exemple des odontoptérygiformes, de grands oiseaux de mer dont certains atteignaient une envergure dépassant 5 mètres, témoignant d'une capacité à voler sur de longues distances. Ils sont connus du Paléocène à la fin du Pliocène, c’est-à-dire entre 60 et 2,5 Ma environ, s’étant répandus dans toutes les parties du monde. Leur particularité la plus curieuse est la présence sur leurs mâchoires de protubérances osseuses constituant des pseudo-dents qui devaient leur servir à capturer les proies aquatiques dont ils se nourrissaient. Leur disparition pourrait être liée aux importants changements climatiques (avec le début des cycles glaciaires) survenus à cette époque et qui ont eu un impact certain sur nombre d'organismes marins.

Depuis au moins plusieurs siècles, l'histoire des oiseaux est marquée par de nombreuses extinctions dues aux activités humaines qui ont parfois anéanti des groupes zoologiques entiers. Un exemple bien connu est celui des dinornithiformes, les moas de Nouvelle-Zélande, oiseaux géants représentés jusqu'à une date géologiquement très récente par neuf espèces réparties dans six genres. Les données disponibles montrent que les moas ont disparu en l'espace d'environ deux siècles après l'arrivée des Polynésiens au xiii^e siècle. De nombreux sites archéologiques indiquent que les Maoris chassaient ces oiseaux sur une très grande échelle, ce qui a conduit à leur extermination rapide (même s'il n'est pas totalement exclu que de petites populations aient pu subsister un peu plus longtemps dans des régions très peu accessibles).

Les moas ne sont qu'un cas particulièrement spectaculaire de l'annihilation d'espèces d'oiseaux insulaires à la suite de la découverte et du peuplement par les humains des îles qu'ils habitaient. De nombreuses îles situées loin des continents, sur lesquelles des avifaunes endémiques s'étaient développées dans cet isolement géographique, ont connu des phénomènes d'extermination de ce type, les espèces qui avaient perdu l'aptitude au vol étant souvent celles qui ont le plus souffert. Le cas le plus emblématique est certainement celui du dodo de l'île Maurice, qui disparut vers la fin du xvii^e siècle, à peine cent ans après la découverte et l'occupation de celle-ci par des navigateurs venus d'Europe. Dans ce cas comme dans bien d'autres, l'extermination ne fut apparemment pas provoquée[...]