ORIGINES DE L'URBANISME AU PROCHE-ORIENT
La ville de Babylone
À la fin de l'histoire de la Mésopotamie, Babylone apparaît comme la cité la plus peuplée du monde, et Hérodote, qui nous en fournit une description alors qu'elle n'est plus qu'une province de l'Empire perse, nous fait part de son étonnement devant ses dimensions imposantes et la régularité de ses perspectives, ce qui ne semble pas un trait spécifiquement mésopotamien, même si d'autres villes, comme Borsippa, présentent les mêmes particularités. La ville elle-même, à cheval sur l'Euphrate, forme un quadrilatère relativement régulier de plus de 2 500 mètres sur plus de 1 500 mètres ; un pont, qui reposait sur des piles de briques cuites, jointoyées au bitume, et recouvertes de dalles de pierre scellées au plomb, reliait les deux parties de la ville. Un double rempart, longé de fossés, protégeait cet ensemble, et le mur extérieur mesurait 18 kilomètres de long. Quelque huit portes s'ouvraient dans toutes les directions et assuraient les relations avec le monde mésopotamien ; la plus célèbre était la porte d'Ishtar avec des bastions, un mur de 25 mètres d'épaisseur superbement décoré de briques émaillées représentant des animaux fabuleux en relief. Au cœur de la cité, s'étendait l'Esagila, le grand sanctuaire du dieu Marduk, composé du temple proprement dit installé à l'intérieur d'une vaste cour bordée de chapelles ou de dépendances, et d'une célèbre ziggourat, Etémenanki, elle aussi située à l'intérieur d'une vaste esplanade à ciel ouvert accessible depuis la porte Sainte du côté oriental. Celle-ci débouchait sur la grande voie processionnelle qui venait de la porte d'Ishtar et desservait d'abord le Grand Palais Royal, second pôle de l'agglomération : ainsi, un grand axe rectiligne réunissait les deux centres de la cité et formait en quelque sorte son épine dorsale. Le réseau intérieur était dominé par de grandes artères, sortes d'avenues sur lesquelles venaient se brancher les circulations secondaires ; outre le fleuve, qui traversait la ville du nord au sud, des canaux desservaient l'intérieur de l'agglomération occupée par des quartiers d'habitation, au milieu desquels cinquante-trois sanctuaires trouvaient place. Telle qu'elle se présentait avec son aspect de plus grande cité du monde, très populeuse, mais aussi prestigieuse, Babylone ne saurait être considérée comme un exemple typique de l'urbanisme mésopotamien. Nous savons d'ailleurs que de grands travaux, qui ont donné à la cité son aspect final, datent de la dernière période de splendeur (dynastie de Nabuchodonosor), mais derrière les avenues rectilignes et le géométrisme des formes générales se retrouvent sans doute aussi quelques réminiscences d'un plan de fondation.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Claude MARGUERON : professeur des Universités
Classification
Médias