ORISSA
État de la république de l'Inde, situé au nord-est de la péninsule, et traversé d'ouest en est par la vallée de la Mahanadi, l'Orissa s'étend sur 155 707 kilomètres carrés, avec une population de 39 900 000 habitants (2008). Sa densité de 256 habitants au kilomètre carré, inférieure à celle de l'Inde (362 en 2008) s'explique par le peuplement assez faible des régions intérieures, qui contraste avec les fortes concentrations humaines du delta de la Mahanadi, en bordure du golfe du Bengale.
L'Orissa constitue une unité historique ancienne. Le nord-est du Deccan entre, en effet, dans l'histoire sous le nom de Kalinga, dernier royaume conquis par l'empereur maurya Aśoka (~ 255), conquête particulièrement sanglante qui aurait amené son auteur à embrasser la foi bouddhique non violente. Le Kalinga est ensuite connu par son roi, Kharavela, qui, à l'époque du premier souverain shunga, aurait contribué à repousser l'invasion des Grecs de Bactriane (~ 176). Puis la région retombe sous la domination politique du Nord et se divise sur le plan linguistique : seul le Sud reste dravidien (de parler télougou ou andhra), tandis qu'au nord du seuil du Mahendra l'aryanisation l'emporte, avec la constitution de l'oriya, langue du pays d'Orissa (ou Utkal). Aux viie et viiie siècles règnent en Orissa les Somvamsi ; viennent ensuite les Kesari qui dominent aussi le Kalinga. Et finalement les Ganga dits orientaux, cousins de ceux du Karnataka, deviennent à leur tour « seigneurs des Trois-Kalingas et d'Utkal ». Ils ne succombent sous les coups des musulmans qu'en 1568, après avoir favorisé la floraison des temples de Bhubaneshvar et fait entreprendre celui, grandiose, de Konarak.
C'est le delta de la Mahanadi qui a servi de base à la puissance oriya, l'intérieur faisant figure de région marginale ; l'opposition entre la côte et l'intérieur constitue une des principales caractéristiques de l'Orissa. Le delta est bordé, au sud et au nord, par des plaines côtières plus étroites (plaine de Balasore au nord et plaine de la basse Rushikulya au sud). Les pluies y sont abondantes, la moyenne annuelle étant de 1 300 millimètres, avec une saison humide de plus de six mois. L'irrigation à partir de la Mahanadi est ancienne ; le gouvernement fédéral a fait construire l'immense barrage-réservoir de Hirakud, qui a beaucoup régularisé les apports d'eau. Tout cela explique que les plaines littorales soient une grande région de riziculture. L'État possède d'ailleurs à Cuttack l'Institut central indien de recherche sur le riz. La côte produit aussi des millets, de la canne à sucre, des plantes oléagineuses et possède des industries textiles à Cuttack et à Paradeep (ou Paradip), le grand port de l'État, situé à l'embouchure de la Mahanadi. La perte du Bengale oriental a cependant amené les Indiens à faire un effort pour développer la culture du jute dans l'Orissa, où cette plante trouve des conditions naturelles favorables .
Il est curieux de constater que cette région a longtemps fait figure de région économiquement en retard par rapport aux conditions moyennes de l'Inde. La structure de la propriété y est particulièrement inégalitaire, et les propriétaires opèrent un prélèvement très important sur les récoltes, sans pour autant faire de grands efforts d'investissement. Il est significatif, à cet égard, que l'Orissa ait fait partie de la présidence du Bengale, où le système zamindari a été appliqué avec beaucoup de vigueur. Or ce système a été l'un des facteurs de blocage du progrès agricole en Inde. (Les principales villes de l'État sont situées dans la région littorale, notamment la capitale politique et culturelle, Bhubaneshwar, où le gouvernement fédéral a fait des investissements industriels, servis par la production hydroélectrique[...]
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Écrit par
- François DURAND-DASTÈS : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
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