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ORNEMENT, histoire de l'art

Les créateurs de l'ornement

Dans chaque domaine de l'art et des arts décoratifs, il y a eu des artistes qui créaient des ornements, architectes, peintres, sculpteurs, graveurs ou orfèvres, mais il n'existait pas dans ce domaine de véritable spécialisation professionnelle sous l'Ancien Régime. L'emploi généralisé du terme ornemaniste, dès le quatrième quart du xixe siècle en France, pour désigner la personne qui invente l'ornement, a largement contribué à répandre l'idée contraire. La confusion entre l'exécution et l'invention de l'ornement est à l'origine de l'utilisation erronée le plus souvent du mot ornemaniste qui désigne un créateur d'ornement. Le mot ornemaniste était réservé à l'origine à la personne à qui avait été confiée l'exécution de l'ornement, soit en peinture (l'ornemaniste travaillant pour A. Peyrotte, 1748, par exemple), soit en sculpture (le sculpteur-ornemaniste P.-E. Babel, 1751), soit en dessin (C. Normand, 1826), mais le mot fut aussi utilisé, dès le début du xixe siècle, pour désigner d'abord celui qui fournissait des dessins d'ornement à l'industrie et ensuite toute personne dessinant ou exécutant un ornement. Toutefois, au xixe siècle, le mot couvrit la notion d'exécution, et ce n'est que lorsque quelques études sur l'ornement gravé parurent (D. Guilmard, 1880) que le concept d'invention supplanta l'autre. Le mot ornemaniste, sans doute pour des raisons de commodité, a donc pris un sens qui ne se fonde pas sur une réalité historique.

Jusqu'au xixe siècle, l'invention de l'ornement ne peut jamais être attribuée à un seul corps de métier, celui d'ornemaniste n'existant pas, et il y avait des artistes capables de créer des ornements parmi les représentants de tous les métiers. Mais certains artistes se spécialisèrent dans la création d'ornements : avant tout des orfèvres (P. Flötner, É. Delaune, Masson, A. et N. Loire, J.-A. Meissonnier, T. Germain, H. Auguste, Biennais), ainsi que des peintres (Raphaël, Perino del Vaga, Jules Romain, Vouet, Lebrun) et des peintres de décorations (J. Lemoyne, A. Peyrotte), des dessinateurs (G. Charmeton, J. Bérain, P. et G. Androuet Du Cerceau, J.-C. Delafosse, C. Normand, Chenavard), des graveurs (J. Marot, J. Le Pautre), des sculpteurs (J.-B. Toro, G. Moitte, Lhuillier), des ébénistes (les Boulle) et des architectes (Alberti, Serlio, Palladio, Borromini, Oppenordt). Mais la répartition du travail n'était jamais aussi stricte, et l'attribution de la naissance d'un ornement à un seul métier est quasi impossible, notamment pour les artistes de cour. D'un point de vue théorique, G.  Semper (Der Stil, 1861-1863) et ses disciples défendaient l'idée que le style et l'ornement étaient déterminés par le matériel et la technique. En revanche, pour A.  Riegl (1893), l'homme a créé les ornements d'une manière consciente, et il démontre, notamment pour les arts textiles, que l'impulsion ne vient pas de la technique, mais d'une « volonté d'art » (Kunstwollen).

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Écrit par

  • : historien de l'art, diplômé de l'université de Leyde, Pays-Bas

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