ORNEMENT, histoire de l'art
L'étude de l'ornement
Il n'y a pas d'études sur les changements du sens et de l'usage du mot ornement. Le sens des mots qui désignent un ornement peut varier en fonction de la période et du pays. L'origine peut en être descriptive, comme c'est le cas pour « cartouche » (de l'italien cartoccio, de carta, papier), composition ornementale autour d'un compartiment vide, destiné à recevoir une inscription, une devise ou des armoiries. Dans d'autres cas, l'origine géographique de l'ornement lui a donné son nom, comme arabesque, mauresque. Le nom d'une chose peut être utilisé pour désigner un ornement nouveau : barroco (du portugais : perle irrégulière, 1563) ou rocaille (du français : morceaux irréguliers de pierre, de pétrifications, de verre, et coquillages, employés pour décorer des grottes et des fontaines) ont ultérieurement servi à qualifier un style : baroque et rococo. Le mot auriculaire est utilisé pour désigner des ornements dont la source formelle se trouve dans différentes parties du corps (en allemand : Ohrmuschel), et il s'agit donc d'un rapport d'association, comme en témoignent les autres mots Kwab ou Snakerijen (en hollandais) et Knorpelwerk (en allemand). Enfin, les ornements composés de bandes entrelacées sont appelés cuirs dès qu'ils entourent un compartiment (en hollandais : beslagwerk, rolwerk) ; en revanche, quand on met l'accent sur le système de la composition, on parle d' entrelacs et, dès que les bandes sont concentrées autour d'un centre qui accentue la complexité des entrelacs, on parle de nœuds (L. de Vinci ; Dürer), tandis que les Allemands appellent ces bandes Schweifwerk (motifs chantournés) lorsqu'elles ont des parties renflées. Quand Bérain réutilise les bandes pour en faire des encadrements et pour structurer les grotesques qu'il crée, on les désigne par le mot plates-bandes, éventuellement avec l'indication « à la Bérain » (en allemand : Laub-und Bandlwerk). La seule tentative de développer un code pour l'analyse des ornements date des années 1950 et fut conduite par J.-C. Gardin, mais cette normalisation de la description des ornements semble être réservée à son domaine d'origine, l'archéologie, parce que l'histoire n'y est pas prise en compte.
Les théories sur l'ornement ne se sont développées qu'aux moments où, son existence devenant problématique, il n'était plus qu'un objet de recherche historique, dans les domaines de l'archéologie, des traditions populaires et de l'histoire de l'art. C'est dans ses applications à l' architecture que l'ornement a été le plus étudié, sans doute parce que les traités d'architecture, dès Vitruve, utilisent le mot ornement pour désigner des parties sculptées de l'architecture : ordres, colonnes, chapiteaux, mais aussi volutes, festons, guirlandes, vases, statues et niches. Parfois, une attention particulière a été consacrée à l'un de ces ornements, comme le vase (Serlio, Baïf). Grâce à ces traités, les principaux ornements de l'architecture ont reçu des noms. Nous disposons aussi de termes particuliers pour désigner d'autres ornements, qui ont connu un emploi indépendamment de l'architecture. Ces ornements peuvent être classés selon leurs formes standardisées : le rinceau (de ramuscellus, latin populaire), dont le motif principal est formé de tiges stylisées disposées en enroulement ; le trophée, à l'origine dépouille d'un ennemi vaincu, devenu un groupe d'attributs divers (religieux, champêtres, musicaux, etc.), posés ou suspendus à un ruban ; l' arabesque ou la mauresque, ornements venus du Proche-Orient, composés de lignes courbes, de rinceaux qui s'entrecroisent, décorant la surface d'une œuvre et dont[...]
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Écrit par
- Peter FUHRING : historien de l'art, diplômé de l'université de Leyde, Pays-Bas
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