ORNEMENT, histoire de l'art
Les sources documentaires
Pour l'étude de l'ornement, nous disposons de plusieurs sources, toutes importantes mais de caractères très différents. D'abord, l'objet lui-même ; ensuite, les dessins (projet et relevé), les gravures d'ornement ; enfin, les textes. L'analyse de l'objet devrait être le fondement de toute étude de l'ornement, il faut le redire.
La formation des musées a été un moment capital coïncidant avec le transfert des collections des écoles d'art vers les musées, qui modifia la fonction de l'objet de modèle en objet historique ainsi que la vision que l'on pouvait en avoir. À l'origine de la création des musées d'arts décoratifs, dont le premier fut le South Kensington Museum, aujourd'hui Victoria and Albert Museum, à Londres (1854), était le désir de mettre à la disposition des étudiants et des artistes, en particulier, les meilleurs exemples d'ornements. Aujourd'hui, le même musée a créé une galerie dédiée à l'ornement européen. Les dessins d'ornement, conservés pratiquement sans exception dans les ateliers, dispersés lors de la dissolution de ceux-ci au cours du xixe siècle, ont été collectionnés avec passion dès le début du siècle par les architectes, les décorateurs et les amateurs. Beaucoup de dessins sont aujourd'hui réunis dans des fonds spécialisés, publics ou privés, mais aussi répartis dans les cabinets de dessins et d'estampes des musées et des bibliothèques. On n'en est qu'au début de l'identification des sujets et des auteurs, et la plupart des collections ne possèdent pas encore de catalogue, même sommaire. La gravure d'ornement est une source essentielle et commode pour connaître le développement de l'ornement. L'estampe permet plus facilement en effet que le dessin de connaître l'auteur de l'ornement, ainsi que le nom du graveur et de l'éditeur, et par conséquent son origine et l'étendue de la diffusion. Intimement lié à l'histoire de la gravure, l'ornement fut présent dès les débuts de cette technique, comme le montrent les cartes à jouer datant du début du xve siècle et les modèles des orfèvres (nielles). Les centres de production varient suivant les périodes, mais la diffusion était en général immédiate dans toute l'Europe. Les titres des suites d'estampes fournissent souvent des indications sur l'usage prévu par l'auteur, les préfaces peuvent nous renseigner sur le contexte historique et sur l'auteur, les dates qui figurent sur l'estampe peuvent correspondre avec la date de publication et définir ainsi le début de la circulation des œuvres. Pourtant, il faut se rappeler que l'artiste, le graveur et l'éditeur n'ont pas toujours travaillé en commun ; il y a des centres de création qui n'ont pas bénéficié de la publication de leurs ornements. Par exemple, l'école de Gênes n'a pratiquement pas connu de graveurs pour mettre en circulation les ornements et les cycles de décoration, depuis le xvie siècle jusqu'au xviiie, à l'exception de quelques suites de cartouches par Bernardo Castello, qui datent du début du xviie siècle, mais publiées à Rome. L'exemple le plus étonnant est sans doute celui de la décoration des Loges de Raphaël au Vatican (1517-1519) : à part quelques détails publiés au cours du xvie siècle par différents graveurs italiens et nordiques, la première suite montrant l'ornementation d'une partie des montants des Loges, dessinée et gravée par François de La Guertière, n'a vu le jour, en France, qu'en 1662, et c'est seulement vers 1772-1777 que Pagliarini a publié, à Rome, les relevés de toute la partie ornementale. Le renouveau d'intérêt pour la décoration des Loges permit alors à l'éditeur d'engager des dessinateurs et des graveurs afin d'offrir[...]
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Écrit par
- Peter FUHRING : historien de l'art, diplômé de l'université de Leyde, Pays-Bas
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