ORNEMENT, musique
Ornementation et musique contemporaine
Il est difficile de saisir les lignes de force qui structurent la pensée musicale du xxe siècle et du début du xxie siècle, tant la diversité et la richesse des différents courants font écran à une compréhension d'ensemble. Liberté et rigueur dans l'interprétation s'affrontent dans un cas, se complètent dans un autre. En tout état de cause, on est en présence de conceptions musicales entièrement nouvelles et il ne faut pas s'attendre à trouver trace d'une ornementation dans son acception traditionnelle. Pourtant, certaines œuvres comportent des séquences d'un caractère libre qui rappelle l'improvisation. On renoue ainsi avec la tradition ancienne de l'interprétation, tel l'Erwartungd' Arnold Schönberg (1909), qui témoigne un net intérêt pour l'improvisation ; les cadences de la mélodie sont laissées à l'initiative du chanteur et l'on peut considérer ce style « cadentiel » comme un héritier en droite ligne de l'ornementation classique.
Dès lors, cette tendance générale de la musique vers la source constamment renouvelée de l'invention spontanée ne fera que s'affirmer. Maints compositeurs laissent une place importante à l'expression des interprètes au moyen de séquences aléatoires. Ces dernières consistent à improviser pendant une période déterminée. L'initiative de ces formules peut être prise soit par les interprètes s'il s'agit de musique de chambre, soit par le chef s'il s'agit de musique d'orchestre. Elles sont généralement dirigées par un motif écrit sur lequel on improvise.
La liberté accordée aux interprètes, selon des indications précises insérées dans la partition, s'étend naturellement à l'improvisation collective qu'ont pratiquée des musiciens et des auteurs comme Marius Constant ou John Cage ; ici, la liberté s'est emparée de l'ensemble de l'espace musical jusqu'à estomper complètement la notion de composition. Ainsi, l'évolution de la liberté d'interprétation semble indissociable de celle d'ornementation.
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Écrit par
- Joël DUGOT
: directeur de la revue
Musique ancienne, luthier d'art (copies de luths et clavecins anciens) - Antoine GARRIGUES
: ancien critique à
Sud-Ouest et àContact Variété , professeur d'improvisation et d'histoire de la musique
Classification
Médias
Autres références
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BANCHIERI ADRIANO (1568-1634)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
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Compositeur et théoricien de la musique italien né le 3 septembre 1568 à Bologne, dans les États pontificaux, mort en 1634 à Bologne, Adriano Banchieri est, après Orazio Vecchi, le deuxième plus grand compositeur de comédies madrigalesques, suites de madrigaux sans intrigue véritable qui suggèrent...
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FIGURALISME
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INTERPRÉTATION MUSICALE
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..., où il improvisait largement au cours de l'exécution. De même, les mouvements lents des concertos pour piano de Mozart donnaient lieu à une ornementation improvisée pour compenser une sonorité que l'instrument ne pouvait soutenir durablement. Jean-Philippe Rameau donnait toute liberté... - Afficher les 12 références