ORTHOSTATE
Terme désignant l'assise qui forme la base d'un mur appareillé. Les blocs d'orthostate posés sur la tranche constituent une assise plus haute et plus massive que les assises supérieures formées de parpaings, de carreaux ou de boutisses. Les murs sont constitués de blocs de dimension et d'appareillage réguliers, assemblés sans mortier. L'assise d'orthostate est dressée de chant en une ou plusieurs rangées (chaque bloc est posé sur la plus petite face de sa longueur, la grande surface étant visible). Parfois l'orthostate est construit dans une pierre plus résistante que le reste du mur (basalte poli, par exemple) ; il repose souvent sur le dallage par l'intermédiaire d'une petite plinthe. On trouve ce procédé dans de nombreuses architectures, depuis les mégalithes de Bretagne datant des ~ IIIe et ~ IIe millénaires jusqu'aux constructions modernes. Qu'il soit entouré d'un simple listel ou décoré d'un tore et d'un astragale comme dans l'ordre ionique, l'orthostate porte rarement un décor sculpté. Une exception intéressante est constituée par les reliefs qui ornaient les orthostates des palais assyriens (Khorsabad). En revanche, les Hittites décorèrent souvent de bas-reliefs les orthostates. Datant de l'Ancien Empire hittite (~ 1650-~ 1450), des fragments d'orthostates de calcaire provenant de Boghaz-köy représentent un combat de dieux. Sous le Moyen Empire hittite (~ 1450-~ 1100), les villes d'Alaça-Höyük, de Zinçuli et d'Hattuša (Boghaz-köy) avaient des portes aux orthostates décorés de lions ou de sphinx. L'architecture syro-hittite se caractérise par une ornementation élaborée de grandes dalles d'orthostates de pierre, recouvertes de sculptures en bas reliefs, dans les portes de villes ou de palais et le long des frontons des terrasses. En Anatolie, chaque orthostate possède une représentation qui constitue une unité, sans relation iconographique avec les blocs voisins : monstres, acrobates, scènes mythologiques, luttes, musiciens, guerriers à cheval, lion tuant un taureau, roi adorant le taureau (Alaça), sacrifice du taureau, etc. À l'époque néo-hittite (~ 1100-~ 700), l'usage devient général d'orner les portes et les fenêtres par des orthostates en relief, représentant souvent des scènes de banquets funéraires ou divins. Les monuments de Malatya, centre néo-hittite, présentent des orthostates sculptés (lions rugissants, etc.). À Tell Halaf, la partie méridionale du palais (~ ixe s.) était ornée de plus de deux cents bas-reliefs différents. Ce mode de décoration des orthostates subsistera à Ankara jusqu'au ~ viiie siècle.
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Écrit par
- Alain MAHUZIER : assistant des fouilles d'Eboli (Campanie), moniteur à la bibliothèque de l'Institut d'art et d'archéologie de Paris
Classification
Média
Autres références
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KHORSABAD
- Écrit par Jean-Daniel FOREST
- 617 mots
- 2 médias