- 1. De Dublin à Oxford : l’Irlande, l’Angleterre et la Grèce antique
- 2. Portrait de l’artiste en jeune esthète
- 3. Portrait de l’artiste en prosateur : des contes à l’essai et au roman
- 4. Le monde est une scène : de Salomé aux comédies de société
- 5. Déclin et chute : procès, exil et mort
- 6. Wilde redux
- 7. Bibliographie
WILDE OSCAR (1854-1900)
Maître des paradoxes et des bons mots, dandy, auteur de comédies dont le succès ne s’est jamais démenti et du Portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde est un créateur de son temps, dont les œuvres reflètent les tendances littéraires et artistiques de l’Europe de la fin du xixe siècle. Écrivain polymorphe, il s’illustre dans des genres aussi divers que la poésie, la fiction, l’essai et le théâtre. Il s’agit également d’un homme au destin tragique, condamné en 1895 à deux ans de prison pour homosexualité, dont la vie et les œuvres, qui souvent se mêlent, connaîtront une extraordinaire postérité.
De Dublin à Oxford : l’Irlande, l’Angleterre et la Grèce antique
Oscar Wilde naît le 16 octobre 1854 à Dublin, dans une Irlande alors sous le joug britannique. Il est le deuxième enfant d’un foyer de la bourgeoisie intellectuelle anglo-irlandaise protestante. Son père, William Wilde (1815-1876), chirurgien réputé spécialiste de l’œil et de l’oreille, auteur de traités scientifiques, mais également d’ouvrages sur le folklore irlandais, est anobli en 1864. Sa mère, Jane Wilde née Elgee (1821-1896), fervente nationaliste, se fait connaître dans les années 1840 pour des poèmes et des articles patriotiques qu’elle fait paraître dans le périodique TheNation sous le pseudonyme de Speranza. Comme son mari, lady Wilde manifeste un grand intérêt pour le folklore irlandais et, outre des traductions, elle publie un recueil de légendes irlandaises en 1888. Oscar Wilde quitte définitivement son Irlande natale à l’âge de vingt ans, mais son œuvre – ses contes, notamment – restera nourrie de folklore celtique. Les origines irlandaises de Wilde expliquent en partie pourquoi il est à la fois intégré et toujours étranger à cette Angleterre où il élit domicile en 1874.
Après de solides études secondaires à la Portora Royal School, où il excelle en grec et en latin, Wilde débute en 1871 un cursus en langues et littératures anciennes au Trinity College de Dublin. Étudiant brillant, il obtient en 1874 une bourse pour poursuivre ses études au Magdalen College d’Oxford. Ces quatre années passées à Oxford (1874-1878) s’avèrent fondamentales dans sa formation. Outre l’étude approfondie des textes anciens, dont on retrouve des traces dans ses œuvres – ses poèmes mais aussi LePortrait de Dorian Gray réécrivent nombre de mythes grecs et latins, dont ceux de Narcisse ou d’Adonis –, les carnets que l’écrivain tient à Oxford attestent qu’il s’intéresse également à la dialectique hégélienne, cette réconciliation des contradictions qui trouvera plus tard une expression dans les paradoxes émaillant ses textes.
À Oxford déjà, Wilde se fait remarquer : il obtient la plus haute mention pour sa licence de lettres classiques et remporte, en 1878, le Newdigate Prize pour son poème « Ravenne ». Il fait également parler de lui en raison de son style vestimentaire original et de son comportement excentrique. Il dénigre les activités sportives valorisées à Oxford comme l’aviron et décore sa chambre de plumes de paon, de lys, de tournesols et de porcelaine bleue, se forgeant ainsi une image d’esthète.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Xavier GIUDICELLI : maître de conférences à l'université de Reims Champagne-Ardenne
Classification
Média
Autres références
-
OSCAR WILDE, L'IMPERTINENT ABSOLU (exposition)
- Écrit par Françoise COBLENCE
- 1 078 mots
- 1 média
Oscar Wilde aurait affirmé à André Gide : « J’ai mis tout mon génie dans ma vie ; je n’ai mis que mon talent dans mon œuvre. » Fidèle à cette déclaration, l’exposition du Petit Palais (28 septembre 2016-15 janvier 2017) présente Oscar Wilde en « impertinent absolu » et mêle étroitement la vie et...
-
LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY, Oscar Wilde - Fiche de lecture
- Écrit par Marie-Gabrielle SLAMA
- 732 mots
- 1 média
Le Portrait de Dorian Gray est l'unique roman du sulfureux écrivain d'origine irlandaise Oscar Wilde (1854-1900), par ailleurs dramaturge et auteur de contes. En l'écrivant, Wilde relevait le défi de l'éditeur américain J. M. Stoddart, à la recherche de textes pour sa revue, le ...
-
BEAUTÉ, MORALE ET VOLUPTÉ DANS L'ANGLETERRE D'OSCAR WILDE (exposition)
- Écrit par Marie-Claude CHAUDONNERET
- 1 029 mots
- 1 média
Après le Victoria and Albert Museum de Londres (2 avril-17 juillet 2011), le musée d'Orsay (12 septembre 2011-15 janvier 2012), puis le Legion of Honor San Francisco (18 février-17 juin 2012), l'exposition consacrée à l'Aesthetic Movement a permis de mettre en lumière un mouvement...
-
ESTHÉTISME
- Écrit par Jean-Paul BOUILLON
- 744 mots
Le terme d'esthétisme et celui d'esthète, qui lui est lié, se réfèrent à des notions beaucoup plus récentes et plus particularisées que celle d'« esthétique », mot dont ils sont cependant dérivés. Alors que ce dernier terme remonte au grec et qu'il désigne, depuis Baumgarten au milieu du ...
-
GIDE ANDRÉ (1869-1951)
- Écrit par Éric MARTY
- 3 662 mots
- 2 médias
...1895-1896. Gide a longuement raconté, dans Si le grain ne meurt, l'expérience pédérastique, l'expérience de liberté, sa rencontre avec Oscar Wilde et ce qui s'ensuivit, mais il serait réducteur de limiter cette aventure à une seule de ses dimensions. De ces premiers voyages, Gide a recueilli... -
PHYSIOGNOMONIE
- Écrit par Anne-Marie LECOQ
- 8 002 mots
- 1 média
...alors un délicieux suspense. Par un trait de génie, Victor Hugo fait du hideux Quasimodo un ange et de « l'homme qui rit » un désespéré ; Oscar Wilde réserve au portrait de Dorian Gray les stigmates de la laideur morale, que rien ne trahit sur le visage du héros lui-même. Mais ces renversements...