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OSCAR WILDE, L'IMPERTINENT ABSOLU (exposition)

Oscar Wilde aurait affirmé à André Gide : « J’ai mis tout mon génie dans ma vie ; je n’ai mis que mon talent dans mon œuvre. » Fidèle à cette déclaration, l’exposition du Petit Palais (28 septembre 2016-15 janvier 2017) présente Oscar Wilde en « impertinent absolu » et mêle étroitement la vie et l’œuvre, leurs échanges, leur éclat et leur influence mutuelle. À travers tableaux, photographies, lettres, affiches, gravures, caricatures et dessins de presse, elle retrace les grandes étapes de la vie et montre quelques-unes des facettes de ce brillant esthète, aussi célèbre pour sa conversation, ses poses et ses tenues que pour son œuvre littéraire protéiforme. Bien que Wilde soit mort à Paris en 1900 et qu’il ait été un ardent francophile (Salomé, dont il destinait le rôle-titre à Sarah Bernhardt, est écrit directement en français), c’est la première exposition importante que la France lui consacre.

Le critique d’art

Né à Dublin en 1854, Oscar Wilde étudie cinq ans au Magdalen College d’Oxford où il fait la connaissance de John Ruskin puis de Walter Pater. Leurs théories esthétiques auront pour lui une importance capitale. Après le « tour » européen classique et les voyages de formation (Italie, Grèce), Wilde s’installe à Londres et fait, en 1877, ses débuts comme critique d’art de l’exposition inaugurale de la toute nouvelle Grosvenor Gallery. Il rédigera une autre recension d’exposition en ce même lieu deux ans plus tard. Si l’œuvre critique ultérieure, un recueil d’essais publié en 1891 sous le titre Intentions, est généraliste, ces deux comptes rendus le sont moins et offrent l’occasion de voir les œuvres précises commentées alors par Wilde et présentées à laGrosvenor Gallery, en opposition avec le conservatisme de la Royal Academy. Wilde estime que trois peintres sont détenteurs « des clés d’or qui ouvrent la Maison de la Beauté » : George Frederic Watts, William Holman Hunt, Edward Burne-Jones. De Watts, il admire particulièrement Orphée et Eurydice : « distinguée par toute la vigueur splendide d’un dessin noblement ordonné, la peinture possède des qualités non moins grandes de couleur » ; de Hunt, l’étonnante Dernière Lueur du crépuscule en Égypte ; de Burne-Jones, le splendide polyptique Les Jours de la Création (platinotype sur panneau de bois vitré). Il loue également William Blake Richmond (Électre sur la tombe d’Agamemnon) ou Evelyn De Morgan(La Nuit et le Sommeil), mais se montre moins enthousiaste à l’égard de James Tissot ou de James Whistler.

Ses jugements évolueront cependant : en vrai partisan de la modernité, il verra d’abord dans une peinture « une surface harmonieusement colorée sans plus de message ou de signification qu’un exquis fragment de verre de Venise ou qu’un carreau de céramique de Damas » (1883). La leçon est baudelairienne : seul compte l’enchantement du regard et, pour Wilde, comme pour Huysmans à la même époque, l’art et le beau sont les ultimes valeurs. L’apologie de la modernité n’empêche donc pas la fidélité aux préraphaélites et aux sujets mythologiques. Wilde se liera aussi avec William Morris, à l’origine avec Ruskin du mouvement Arts and Crafts. Il pourrait avoir trouvé en Morris, grand lecteur de Marx, une source d’inspiration à son traité de 1891, L’Âme de l’homme sous le socialisme. L’artiste, faisant la guerre à la pauvreté, y défend un socialisme respectueux de l’individualisme.

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<em>La Danse mauresque</em>, H. de Toulouse-Lautrec - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

La Danse mauresque, H. de Toulouse-Lautrec