OSTRACODERMES
Le nom « ostracoderme » fut introduit en 1889 par le paléontologue américain Edward Drinker Cope (1840-1897) pour désigner un ensemble de vertébrés primitifs fossiles sans mâchoires (« agnathes ») possédant une cuirasse osseuse dermique. Il a été démontré, depuis lors, que ces animaux appartiennent en réalité à des groupes très divers, et ce terme ne recouvre donc plus aucune réalité phylogénétique et systématique. Il reste cependant utilisé dans de nombreux ouvrages de vulgarisation où il désigne globalement les agnathes paléozoïques, c'est-à-dire les arandaspides, les astraspides, les hétérostracés, les ostéostracés, les anaspides, les galéaspides, les pituriaspides et les « thélodontes », tous plus étroitement apparentés aux vertébrés à mâchoires (gnathostomes) qu'aux agnathes actuels, les lamproies et les myxines.
Ostéostracés
Les ostéostracés sont caractérisés par un bouclier osseux (os cellulaire) en forme de fer à cheval, englobant toute la tête et la ceinture pectorale, et portant à sa surface des dépressions latérales et médiane de nature encore énigmatique (organes « sensoriels » ou « électriques »). L'endosquelette des ostéostracés étant bien ossifié, il a été possible d'étudier en détail l'aspect des cavités qui logeaient les divers organes internes de la tête (encéphale, capsule otique, etc.). Entre les orbites se trouve un orifice pinéal, en avant duquel s'ouvre un orifice en forme de trou de serrure : l'orifice naso-hypophysaire, dont la position dorsale a été considérée comme le principal caractère permettant de rapprocher les ostéostracés des lamproies (cf. cyclostomes). Pour cette raison, l'anatomie interne des ostéostracés a été interprétée à la lumière de celle des lamproies actuelles.
La face ventrale du bouclier des ostéostracés est creusée par une vaste cavité qui logeait l'appareil branchial, et dans laquelle s'ouvraient les canaux qui livraient passage aux nerfs viscéro-moteurs. En identifiant ces canaux nerveux, le paléontologue suédois Erik Stensiö (1891-1984) a tenté, en 1927, de déterminer le rang des arcs branchiaux qu'il supposait attachés au plafond de cette cavité branchiale. Il avait ainsi cru démontrer l'existence d'un arc prémandibulaire fonctionnel. Cette interprétation fut l'objet de vives controverses, mais il apparaît désormais qu'elle avait pour origine une erreur dans la détermination des canaux pour les nerfs branchiaux. Actuellement, on a la preuve que le canal attribué au nerf VII par Stensiö logeait en réalité le nerf IX (P. Janvier, 1981) et l'anatomie branchiale des ostéostracés devient tout à fait comparable à celle des larves de lamproies. En outre, la cavité attribuée jadis aux tubules du pronéphros logeait en réalité le cœur. Les ostéostracés possédaient des nageoires paires bien développées et comparables, par leur position, aux pectorales des gnathostomes. Leur nageoire caudale était épicerque (lobe chordal ascendant) comme celle des gnathostomes : il existait primitivement deux dorsales.
Les ostéostracés, connus du Silurien supérieur au Dévonien supérieur, sont déjà très diversifiés dès le Silurien.
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Écrit par
- Philippe JANVIER : directeur de recherche émérite au CNRS
Classification
Média
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