OSTROGOTHS
La phase italienne de l'art ostrogothique
Deux facteurs généraux doivent être présents à l'esprit quand on aborde l'étude de l'art ostrogothique en Italie : le fait que les Ostrogoths, comme d'autres « nations » germaniques établies dans l'Empire romain, furent une minorité, et la nature éphémère de leur royaume, qui ne permet guère de suivre plus de cinquante ans (c'est-à-dire deux à trois générations) l'évolution de leur art.
On estime approximativement à 100 000 âmes le nombre des Ostrogoths qui pénétrèrent en Italie en 493, dont environ un quart étaient des guerriers. C'est dire que ces nouveaux venus connurent une dispersion géographique nécessaire pour des raisons militaires et politiques, même si leur implantation concerna surtout l'Italie du Nord (sauf la région alpine) et le littoral de l'Adriatique. Cela explique l'assimilation rapide des Ostrogoths dont l'aristocratie, notamment urbaine, fut l'élément moteur. À côté de modes vestimentaires masculines (fibules cruciformes des dignitaires romains) et féminines (divers types de bagues et de boucles d'oreilles) « romaines », l'une des manifestations les plus spectaculaires, et aussi les plus regrettables pour les archéologues et historiens de l'art, fut sans doute l'adoption quasi systématique par les Ostrogoths de la coutume romaine de l'inhumation sans mobilier funéraire. Il est de ce fait fort difficile d'identifier leurs nécropoles dont on ne connaît qu'une trentaine, ayant seulement livré une cinquantaine de sépultures à mobilier. Celles-ci concernent uniquement des femmes de rang social élevé dont les parures sont, avec quelques trésors, les seuls témoins des arts mineurs ostrogothiques en Italie.
Durant la fin du ve siècle et le premier tiers du vie, l'orfèvrerie ostrogothique demeure fortement marquée par l'héritage pannonien et danubien, qu'il s'agisse de plaques-boucles moulées d'argent doré à plaques rhomboïdales ou de fibules « gothiques » cloisonnées. Le style coloré connaît alors un remarquable épanouissement, avec des pièces cloisonnées de grenats exceptionnelles : trésor de Domagnano (San Marin, au British Museum de Londres et au Germanisches Nationalmuseum de Nuremberg) ; ou encore garnitures de la selle de Ravenne (disparues du Musée national de cette ville). Au début du vie siècle apparaissent des fibules ansées asymétriques en argent moulé, avec tête cantonnée de cinq digitations et pied rhomboïdal s'achevant par un chef de monstre, le décor étant à base de volutes et de rinceaux. On peut encore mentionner des plaques-boucles de ceinture en argent doré à plaque rectangulaire dont le cartouche central, orné de cabochons en bâtes, est entouré de frises végétales ou géométriques.
Autant qu'on en puisse juger d'après les découvertes archéologiques, les pièces d'orfèvrerie de la fin du royaume ostrogothique (deuxième tiers du vie siècle) sont à la fois moins nombreuses et plus modestes. Cela s'explique sans doute par les progrès de l'assimilation culturelle des Ostrogoths (apparition des décors « méditerranéens » de tresses) et par la précarité de leur situation politique et militaire.
On ne saurait être complet sans mentionner la production, probablement en Italie ostrogothique, de remarquables casques d'apparat dont une trentaine sont connus en Europe occidentale. Comme pour les pièces majeures d'orfèvrerie, c'est sans doute à des artisans romains, travaillant pour le compte des Ostrogoths, qu'il convient d'attribuer ces armes défensives de fer et de bronze doré au décor repoussé et d'inspiration chrétienne fréquente.
Si l'orfèvrerie tient la première place quand on aborde l'art italo-ostrogothique, on ne saurait pour autant oublier le rôle que[...]
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Écrit par
- Patrick PÉRIN : directeur du musée des Antiquités nationales, Saint-Germain-en-Laye
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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