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UNGERS OSWALD MATHIAS (1926-2007)

Né en 1926 à Kaisersesch, en Allemagne, Oswald Mathias Ungers étudie l'architecture à la Technische Hochschule de Karlsruhe, où il obtient son diplôme en 1950, sous la direction du théoricien de l'architecture Egon Eiermann. Il ouvre son agence à Cologne et, dès 1951, réalise dans cette ville ses premiers ensembles de logements. L'immeuble collectif et l'usine de confection de Cologne-Braunsfeld marquent le début d'une période qui s'achèvera en 1962 avec sa participation à une opération très contestée : le grand ensemble Märkisches Viertel à Berlin-Reinickendorf. Les deux bâtiments de Cologne ont des façades blanches, cubiques, percées d'ouvertures régulières, qui rappellent l'architecture rationaliste italienne, notamment celle de Giuseppe Terragni. Ungers cultivera toujours ce goût pour les formes simples ; on les retrouve dans toutes ses opérations de logements à Cologne. Les textes qu'il publie alors explicitent le parti qu'il adopte : dans Zu einer neuen Architektur (Vers une nouvelle architecture), manifeste rédigé en 1960 avec R. Gieselmann, il milite pour une approche artistique de l'architecture, en privilégiant quelques thèmes, idées ou concepts forts. Au-delà des styles, l'architecture doit en effet affirmer son autonomie : ce qu'il nomme en 1983 la « Nouvelle Abstraction », se fonde sur une ré-interprétation des formes et des espaces clés de l'architecture (le mur, la cour, la clôture, la croix, le cercle, le carré, etc.), dont la valeur universelle, abstraite, confère à la construction un caractère intemporel. Ungers veut encore relancer le débat sur la double vocation de l'architecture à donner forme à l'espace comme à la matière, à créer du plein comme du vide. Ces principes se retrouvent dans tous les programmes qu'il aborde. Les logements sur la Schillerstrasse à Berlin (1978-1982), le musée d'Architecture (1979-1984), le centre des Expositions (1980-1983) ou la Torhaus à Francfort (1983-1984) – l'une de ses réalisations les plus marquantes – comme le bâtiment de recherche de Potsdam (2000) se distinguent tous par la même géométrie rigoureuse.

Élargissant sa réflexion à l'échelle urbaine, O. M. Ungers développe le concept de ville dans la ville (Die Stadt in der Stadt) : s'appuyant sur un modèle architectural (la villa d'Hadrien à Tivoli : une maison dans la maison), puis sur l'urbanisme de Rome et de Berlin, il prône une densification de certains quartiers, allant jusqu'à la congestion – une notion que Rem Koolhaas reprendra dans son analyse de New York. Ainsi propose-t-il, en 1984, de densifier le Kulturforum de Berlin, aménagé dans les années 1960 par Hans Scharoun, en y ajoutant notamment un gratte-ciel, une extension de la Nationalgalerie, de nouveaux espaces publics et des logements. Ungers participera à plusieurs projets dans le cadre de la reconstruction de Berlin, exerçant une influence déterminante sur plusieurs architectes, Hans Kollhoff notamment, dont le projet (1991) d'un Manhattan à échelle réduite pour la Potsdamer Platz s'inspire directement de ses théories. Ungers a enseigné à la Technische Universität de Berlin (1963-1968), à l'université Cornell à Ithaca, New York (1969-1975), puis à Harvard, à l'université de Californie, à Vienne et à Düsseldorf. Oswald Mathias Ungers continue de varier les projets qui partent du cube comme forme simple : extension de la Kunsthalle de Hambourg (1997), annexe du Museum Kunstpalast de Düsseldorf (2000), Wallraf-Richartz-Museum et fondation Corboud à Cologne (2001).

— Simon TEXIER

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Écrit par

  • : professeur, université de Picardie Jules-Verne

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