- 1. Le traité et l'Organisation
- 2. Problèmes du réarmement
- 3. L'Alliance à l'épreuve de la coexistence pacifique
- 4. Les rivalités franco-américaines
- 5. Détente et affrontements monétaires
- 6. Une nouvelle politique américaine
- 7. L'année de l'Europe
- 8. Coopération trilatérale et nouvelles incertitudes
- 9. Après la guerre froide
- 10. Bibliographie
OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord)
Problèmes du réarmement
Le premier problème auquel l'Alliance eut à faire face fut celui du réarmement. Ses membres redoutaient la répétition en Europe d'une guerre du type coréen. Face aux 175 divisions dont les services de renseignements créditaient alors l'U.R.S.S. et ses alliés, ils disposaient d'une douzaine de divisions tout au plus. La protection que conférait la bombe atomique américaine n'était que provisoire puisque, dès 1949, Moscou avait procédé à une première expérience atomique. Il s'agissait donc de rattraper le retard de l'Occident en armements classiques et en effectifs avant que l'U.R.S.S. eût rattrapé le sien dans le domaine nucléaire.
Un « comité de sages » (Jean Monnet, W. Averell Harriman, sir Eric Plowden) fut constitué, qui proposa à l'Alliance un réarmement qui conciliait les vues des militaires réclamant une centaine de divisions et celles des économistes ; ceux-ci faisaient valoir qu'il ne servirait à rien d'atteindre ce chiffre si le résultat devait être la destruction de l'équilibre économique et social des pays intéressés. La conférence de Lisbonne, en février 1952, sur la recommandation des « sages », se fixa pour objectif cinquante divisions en 1954 ; elle répartit les charges de l'infrastructure à établir.
Dès cette époque, il était clair que cet objectif ne pourrait être atteint sans appel à des contingents ouest-allemands. Or non seulement les accords de Potsdam de 1945 prescrivaient la démilitarisation indéfinie de l'ancien Reich, mais les autorités les plus qualifiées avaient solennellement déclaré, au moment de la conclusion du pacte atlantique, qu'il ne saurait être question de réarmer l'ennemi d'hier. Dès l'été de 1950, ces engagements étaient oubliés et les États-Unis convainquaient leurs alliés de se prêter à la levée d'unités allemandes. Seule la France s'y opposa, quelque temps, pour finalement déposer une contre-proposition sous la forme de la Communauté européenne de défense ( C.E.D.), qui aboutissait à créer une armée européenne, composée de contingents fournis par les six pays du futur Marché commun, intégrés au niveau de la division et placés sous l'autorité d'un embryon de pouvoir fédéral inspiré des institutions de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (C.E.C.A.).
Les alliés de la France se rallièrent à ce projet qui fit l'objet d'un traité signé le 27 mai 1952 ; mais, en France même, un large mouvement d'opinion unit contre le traité les adversaires de tout réarmement allemand à ceux d'une Europe intégrée où aurait disparu l'armée française. Les partenaires de la France au sein de la Communauté européenne ayant écarté à Bruxelles, en août 1954, une tentative de compromis présentée par Mendès France, l'Assemblée nationale rejeta, le 30, le projet de traité. Une crise s'ensuivit dans les relations entre la France et les États-Unis. Elle fut rapidement dénouée par la conclusion des accords de Paris (23 oct. 1954) qui prévoyaient l'entrée de l' Allemagne dans l'Alliance atlantique et son réarmement sous l'autorité de Saceur, étant entendu qu'elle s'engageait à ne pas fabriquer sur son sol d'armes atomiques, bactériennes ou chimiques, non plus qu'un certain nombre d'armements lourds.
Intervenant dans un climat international qui s'était fortement « dégelé » à la suite de la mort de Staline et de la conclusion des armistices de Corée et d'Indochine, ainsi que du traité d'État autrichien, le réarmement de l'Allemagne n'eut pas les effets explosifs que l'on pouvait craindre. Mais il entraîna la dénonciation des traités d'alliance conclus pendant la guerre entre l'U.R.S.S. d'une part, la France et le Royaume-Uni de l'autre, la création d'un « pacte de[...]
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Écrit par
- André FONTAINE
: ancien directeur du journal
Le Monde - Pierre MELANDRI : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Guillaume PARMENTIER : directeur du Centre sur l'Amérique et les relations transatlantiques
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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