- 1. Le traité et l'Organisation
- 2. Problèmes du réarmement
- 3. L'Alliance à l'épreuve de la coexistence pacifique
- 4. Les rivalités franco-américaines
- 5. Détente et affrontements monétaires
- 6. Une nouvelle politique américaine
- 7. L'année de l'Europe
- 8. Coopération trilatérale et nouvelles incertitudes
- 9. Après la guerre froide
- 10. Bibliographie
OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord)
L'Alliance à l'épreuve de la coexistence pacifique
L'Alliance était née de la guerre froide et elle s'était dramatiquement développée dans la foulée de la guerre de Corée. Elle se retrouva un peu prise au dépourvu quand la coexistence pacifique survint. La cohésion alliée fut alors menacée par deux dangers. D'abord, l'adoption, à l'instigation des Américains, de la stratégie des « représailles massives » contribua à détourner les Européens d'efforts militaires conventionnels dont ils ne voyaient plus l'utilité : pour leur sécurité, ils s'en remirent de plus en plus à la dissuasion stratégique et aux têtes nucléaires tactiques dont étaient alors dotées les troupes américaines de l'Alliance atlantique (celle-ci comptait plus de 7 000 de ces armes au milieu des années soixante). Ensuite, le déplacement de la rivalité américano-soviétique vers le Tiers Monde allait multiplier les occasions de tensions entre les États-Unis et ceux de leurs alliés qui détenaient encore des colonies.
Pour permettre à l'Alliance de s'adapter à ces nouvelles réalités, certains estimèrent qu'il était temps de donner des prolongements concrets à l'article 2 du traité, pour en faire une véritable « communauté ». Le 4 mai 1956, le Conseil atlantique décidait de nommer trois « sages » (Lester Pearson, Halvard Lange et Gaetano Martino) pour le « conseiller sur les voies et moyens d'améliorer et d'étudier la coopération de l'O.T.A.N. dans les domaines non militaires et de développer une plus grande unité à l'intérieur de la Communauté atlantique ». Pourtant, il fut très vite évident que les États-Unis, qui avaient des responsabilités mondiales, dans l'océan Pacifique en particulier, n'accepteraient pas un rapport recommandant une coopération très poussée. Surtout, avant même que le texte n'ait pu être adopté, la crise de Suez devait rappeler, selon les mots de Paul-Henri Spaak, qu'il « est bien difficile d'être alliés dans un coin du monde et de s'opposer violemment dans un autre ». Britanniques et Français reprochèrent aux Américains d'avoir voté, à l'O.N.U., la condamnation d'une intervention armée dont les États-Unis portaient, selon eux, indirectement la responsabilité : après tout, c'était le refus de Washington de financer le barrage d'Assouan qui avait incité Nasser à nationaliser le canal. Les Américains déplorèrent ce recours à la « diplomatie de la canonnière » qui détourna partiellement l'attention des autres pays de l'intervention soviétique en Hongrie.
La crise eut des effets très différents sur Londres et sur Paris. Les Britanniques se persuadèrent qu'ils n'avaient plus les moyens d'agir sans le soutien des États-Unis : aussi, pour eux, l'affaire déboucha-t-elle, au printemps de 1957, sur une relance inattendue des « liens spéciaux » entre les deux pays. Les Français en conclurent, au contraire, qu'il fallait construire l'Europe pour renforcer leur voix, trop isolée autrement, et accélérer leurs recherches atomiques militaires : lorsque Boulganine avait menacé des foudres atomiques les Français et les Britanniques, Washington avait laissé entendre que la garantie atlantique jouerait si le territoire européen était menacé, mais que les troupes expédiées à l'autre bout de la Méditerranée n'étaient pas couvertes par le traité. Ces clivages se dessinaient quand deux événements vinrent leur donner une tout autre portée. D'un côté, à l'automne de 1957, le lancement de deux Spoutniks par les Soviétiques mit un terme à la protection quasi absolue qu'avait offerte jusqu'ici le parapluie atomique des États-Unis. Maintenant que les villes d'outre-Atlantique allaient être, dans un avenir proche, à portée des fusées intercontinentales du Kremlin, le président américain prendrait-il[...]
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Écrit par
- André FONTAINE
: ancien directeur du journal
Le Monde - Pierre MELANDRI : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Guillaume PARMENTIER : directeur du Centre sur l'Amérique et les relations transatlantiques
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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