- 1. Le traité et l'Organisation
- 2. Problèmes du réarmement
- 3. L'Alliance à l'épreuve de la coexistence pacifique
- 4. Les rivalités franco-américaines
- 5. Détente et affrontements monétaires
- 6. Une nouvelle politique américaine
- 7. L'année de l'Europe
- 8. Coopération trilatérale et nouvelles incertitudes
- 9. Après la guerre froide
- 10. Bibliographie
OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord)
Une nouvelle politique américaine
Au début de 1969, en effet, une nouvelle administration arrivait au pouvoir aux États-Unis, qui était persuadée que le seul moyen de préserver un leadership américain durement atteint était de construire une « structure stable de paix », reposant sur une redéfinition profonde des relations économiques et monétaires avec ses alliés, mais aussi l'instauration de nouveaux rapports avec le camp opposé. La volonté de « détente » de Richard Nixon et de son conseiller spécial, Henry Kissinger, coïncidait avec les aspirations de leurs alliés.
Dès la fin de 1966, le Conseil atlantique avait désigné le ministre belge des Affaires étrangères, Pierre Harmel, pour présenter un rapport sur les « futures tâches » de l'Alliance. Un an après, le document indiquait que, si le maintien d'un potentiel militaire suffisant pour dissuader l'autre camp restait un impératif, l'O.T.A.N. devait s'acquitter d'une autre priorité, l'établissement de relations plus stables : « La sécurité militaire et une politique de détente ne sont pas contradictoires mais complémentaires. »
De plus, le 21 octobre 1969, les élections allemandes portaient au pouvoir Willy Brandt. Non seulement il s'efforça d'utiliser le terme de « détente » que ses prédécesseurs avaient toujours évité, mais de lui donner un contenu concret : traités germano-soviétique et germano-polonais, rencontre avec son homologue en République démocratique allemande. Mais Nixon avait très vite compris que si, en raison du statut quadriparti de Berlin, l'Ostpolitik de Brandt dépendait des États-Unis, ceux-ci pouvaient, eux, négocier unilatéralement avec l'U.R.S.S. Après le rapprochement entre Washington et Pékin, Brejnev se montrait sensible aux aspirations des Américains. Certes, en mai 1972, le sommet de Moscou aboutissait à l'accord S.A.L.T. I qui institutionnalisait le principe de la parité stratégique entre Soviétiques et Européens. Mais la détente devait aussi aboutir à deux décisions concernant directement le continent européen : en échange de la tenue d'une Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe ( C.S.C.E. qui a abouti en 1975 aux accords d'Helsinki), conférence que l'U.R.S.S. réclamait depuis de longues années pour faire reconnaître la situation qu'elle avait créée au sortir des hostilités, elle acceptait celle d'une autre réunion sur une réduction mutuelle et équilibrée des forces en Europe (M.B.F.R.). La France devait participer à la première de ces réunions, mais, fidèle à son refus des « blocs », elle ignora la seconde.
Pour les pays du vieux continent, cette évolution offrait des motifs de satisfaction, mais d'inquiétude également. Elle résultait, en effet, de la tendance des deux Grands à négocier directement par-dessus leurs alliés une sorte de « condominium », selon l'expression des Français. Elle reflétait aussi le glissement d'une période où les questions stratégiques avaient dominé vers une autre où, aux yeux des Américains, les difficultés économiques et monétaires revêtaient une priorité. Or, dans ce domaine, les Européens étaient plus des rivaux que des alliés. Au début des années soixante-dix, en effet, nombre d'Américains estimaient que l'Europe ne consentait pas des sacrifices suffisants pour sa propre défense. En 1966, pour la première fois, le sénateur Mike Mansfield du Montana avait introduit une résolution visant à réduire substantiellement les forces américaines en Europe. En 1971, elle avait été mise aux voix, et le slogan « l'Europe paiera » était en vogue à la Chambre comme au Sénat. Le déficit de la balance des paiements était, en effet, aggravé par celui de la balance commerciale. Aussi Nixon décidait-il de bousculer ses alliés en prenant, le 15 août, un certain nombre de mesures unilatérales dont la suppression de la convertibilité[...]
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Écrit par
- André FONTAINE
: ancien directeur du journal
Le Monde - Pierre MELANDRI : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Guillaume PARMENTIER : directeur du Centre sur l'Amérique et les relations transatlantiques
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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