- 1. Le traité et l'Organisation
- 2. Problèmes du réarmement
- 3. L'Alliance à l'épreuve de la coexistence pacifique
- 4. Les rivalités franco-américaines
- 5. Détente et affrontements monétaires
- 6. Une nouvelle politique américaine
- 7. L'année de l'Europe
- 8. Coopération trilatérale et nouvelles incertitudes
- 9. Après la guerre froide
- 10. Bibliographie
OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord)
L'année de l'Europe
Alors qu'au sommet de Paris (oct. 1972), le gouvernement Pompidou proposait avec succès l'objectif d'une « Union européenne », Nixon proclamait peu après que 1973 serait l'« année de l'Europe ». Kissinger et lui-même devaient préciser ce qu'ils entendaient au printemps suivant : ils voulaient une renégociation globale de tous les aspects stratégiques, politiques, commerciaux et monétaires des relations atlantiques. Dans un important discours prononcé le 23 avril 1973, Kissinger proposait la rédaction d'une nouvelle « charte de l'Atlantique » avant la fin de l'année, la tenue, à l'occasion d'un voyage de Nixon en Europe, d'un sommet où elle serait solennellement acceptée et l'association du Japon (membre de l'O.C.D.E. depuis 1964) à tout le projet. Manifestement, les problèmes économiques avaient, dans son esprit, la priorité. En mai, Nixon explicitait sa pensée dans un message au Congrès : « Est-il possible de concilier le principe de l'unité atlantique en matière de défense et de sécurité, et la politique économique de plus en plus régionaliste de la Communauté européenne ? »
Quelque peu assombri par l'affaire du Watergate, le discours ne suscita guère l'enthousiasme des Européens. Les pressions dont l'offre était entourée devaient même faire le jeu de Michel Jobert, le ministre des Affaires étrangères français, et renforcer les tendances « néo-gaullistes » que des leaders comme Edward Heath ou Willy Brandt semblaient afficher. La deuxième dévaluation du dollar avait en effet conduit la plupart des pays à adopter des taux de change flottants qui menaçaient la stabilité à laquelle la prospérité occidentale s'était longtemps identifiée. Les menaces contenues dans le projet de loi tarifaire adressé par Nixon au Congrès n'étaient guère faites pour rassurer. Durant l'été, la volonté délibérée des États-Unis de manipuler le dollar pour promouvoir leurs intérêts comme l'arrêt des exportations des tourteaux de soja nécessaires aux éleveurs européens facilitèrent un rapprochement entre la France et le Royaume-Uni auquel finirent par adhérer les autres alliés, à commencer par les Allemands de l'Ouest dont le poids économique était de plus en plus déterminant. En septembre 1973, réunis à Copenhague, les ministres des « Neuf » adoptaient un texte affirmant l'« identité européenne » sinon par opposition, du moins par référence aux États-Unis. Kissinger ne cachait pas l'irritation que lui inspirait la fronde de Bonn, Londres et Paris. Et, peu après, le Congrès votait le principe d'une forte réduction des troupes américaines en Europe, mesure que l'administration avait le plus grand mal à faire rapporter.
Peut-être l'Europe eût-elle pu alors se constituer en force politique. Mais la guerre du Kippour (oct. 1973) vint bouleverser toutes les données. Certes, le conflit, puis l'embargo pétrolier portèrent à certains moments les tensions interalliées à leur apogée. Kissinger se dit « écœuré » par le refus que lui opposèrent ses alliés (sauf les Portugais) quand il voulut utiliser leurs bases pour ravitailler l'armée israélienne. La prise de position des ministres des « Neuf » en faveur de certaines thèses arabes, puis leur projet de nouer un « dialogue euro-arabe » (à la fin de 1973 et au printemps de 1974) devaient même le conduire à exprimer publiquement ses doutes quant à la « légitimité » de leurs gouvernements !
Néanmoins, deux facteurs contribuèrent à apaiser les tensions. D'abord, la crise pétrolière souligna la vulnérabilité économique des Européens, et ceux-ci ne suivirent pas les Français lorsque, à la conférence de Washington (févr. 1974), Michel Jobert voulut s'opposer à la constitution d'une sorte de[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- André FONTAINE
: ancien directeur du journal
Le Monde - Pierre MELANDRI : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Guillaume PARMENTIER : directeur du Centre sur l'Amérique et les relations transatlantiques
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
CRÉATION DE L'O.T.A.N.
- Écrit par Sylvain VENAYRE
- 201 mots
- 1 média
La création, à Washington, de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (O.T.A.N.) est une conséquence du constat de la séparation de l'Europe par ce que le Britannique Winston Churchill avait nommé, en 1946, un « rideau de fer ». Dix États d'Europe de l'Ouest (Belgique, ...
-
UNION EUROPÉENNE (HISTOIRE DE L')
- Écrit par Laurent WARLOUZET
- 9 509 mots
- 14 médias
...membres de l’OTAN – dans l’UE (Irlande, Autriche…), l’Union conserve une forte dimension atlantiste, la majorité des États membres appartenant aussi à l’OTAN – surtout à partir de l’adhésion de la Finlande et de la Suède à cette organisation en 2023-2024. Le retour à la démocratie d’anciennes dictatures... -
AFGHANISTAN
- Écrit par Daniel BALLAND , Gilles DORRONSORO , Encyclopædia Universalis , Mir Mohammad Sediq FARHANG , Pierre GENTELLE , Sayed Qassem RESHTIA , Olivier ROY et Francine TISSOT
- 37 316 mots
- 19 médias
Le 11 août 2003, l'OTAN prend le commandement de la Force internationale d'assistance à la sécurité, l'ISAF, créée par les accords de Bonn en 2001, et étend progressivement sa présence à l'ensemble du pays jusqu'en 2006. Confrontée à la montée de l'insurrection, la coalition augmente graduellement... -
ALBANIE
- Écrit par Anne-Marie AUTISSIER , Odile DANIEL , Encyclopædia Universalis et Christian GUT
- 22 072 mots
- 9 médias
...plus précisément de Belgrade, que souffle une nouvelle tourmente lorsque, en 1999, les exactions commises par l'armée et les milices serbes au Kosovo décident les forces de l'OTAN à bombarder la Yougoslavie (pendant près de trois mois) ; arrivent alors en Albanie près de 440 000 réfugiés. Selon... -
ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République démocratique allemande
- Écrit par Georges CASTELLAN et Rita THALMANN
- 19 516 mots
- 6 médias
...sécurité de cinquante ans. L'accord ne put se faire. Or, dès le 15 août 1953, l'U.R.S.S. avait nettement souligné que l'inclusion de la République fédérale dans la C.E.D. etl'O.T.A.N. (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) rendrait une réunification allemande impossible. Ce qui était l'évidence. - Afficher les 59 références