- 1. Le traité et l'Organisation
- 2. Problèmes du réarmement
- 3. L'Alliance à l'épreuve de la coexistence pacifique
- 4. Les rivalités franco-américaines
- 5. Détente et affrontements monétaires
- 6. Une nouvelle politique américaine
- 7. L'année de l'Europe
- 8. Coopération trilatérale et nouvelles incertitudes
- 9. Après la guerre froide
- 10. Bibliographie
OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord)
Coopération trilatérale et nouvelles incertitudes
En fait, rien n'était réglé. La désintégration monétaire pouvait être un cancer pour les démocraties industrialisées, comme la hausse brutale des prix du pétrole semblait le suggérer. En même temps, dans le contexte de parité nucléaire prévalant, les conceptions stratégiques de l'O.T.A.N. restaient insatisfaisantes. Pourtant, divers facteurs contribuèrent à détourner durant quelques années l'attention des alliés. D'un côté, ceux-ci allaient être confrontés à toutes sortes de nouvelles difficultés. La guerre gréco-turque à propos de Chypre (été 1974) mit l'accent sur une rivalité qui avait déjà failli maintes fois mettre le flanc sud-est de l'Alliance en danger. Furieuse de l'attitude des Américains, la Grèce, qui renouait avec la démocratie, sortit provisoirement de l'armée intégrée (en 1980, elle devait la réintégrer, mais le gouvernement socialiste arrivé au pouvoir en 1981 allait soumettre la question à un nouvel examen). La Turquie fut, de son côté, ulcérée par l'embargo que le « lobby grec » au Congrès réussit un temps à faire imposer sur l'aide militaire qui lui était destinée.
Mais déjà, au Portugal, la « révolution des œillets » avait soulevé un autre type de difficultés : l'accession éventuelle des communistes au pouvoir dans certains pays membres. À partir de la fin de 1975, Henry Kissinger et Gerald Ford devaient proclamer vigoureusement leur hostilité à une telle éventualité, plausible non seulement au Portugal mais désormais en France et en Italie. À cette époque aussi, de graves divergences commençaient à opposer les Américains aux Allemands et aux Français à propos des exportations nucléaires. En sens inverse, il est vrai, certains des grands problèmes de l'Alliance parurent s'atténuer au cours de ces années. D'abord, leur échec au Vietnam poussa les États-Unis à renouer étroitement avec les vieilles démocraties. Ensuite, sensible aux pressions de certaines élites américaines, rassemblées dans une « commission trilatérale » avec leurs homologues japonaises et européennes, Kissinger tempéra son unilatéralisme et peu à peu des compromis purent être élaborés, avec les Français en particulier. Tandis que ceux-ci renonçaient à leurs thèses sur le plan monétaire, en se ralliant en janvier 1976 aux accords de la Jamaïque (entrés en vigueur en avril 1978), les États-Unis acceptaient, après diverses péripéties, de renoncer à une confrontation brutale avec les producteurs de pétrole au profit d'une forme de « dialogue Nord-Sud », la conférence sur la coopération économique internationale tenue à Paris de janvier 1976 à juin 1977. Enfin, à partir de novembre 1975 (« sommet de Rambouillet »), des « sommets économiques » trilatéraux, réunissant les chefs d'État ou de gouvernement des principales démocraties industrialisées, seraient organisés chaque année. Le président français, qui refusait toujours d'assister aux sommets de l'Alliance à proprement parler, participerait pleinement à ces réunions qu'il avait lui-même préconisées.
Ces efforts de coopération aboutirent à un indéniable succès : au printemps de 1979, en dépit de leurs difficultés économiques, les Occidentaux concluaient sur un accord les négociations tarifaires lancées, en septembre 1973, à Tōkyō.
De plus, sous l'impulsion de l'administration Carter et au vu de la montée en puissance militaire de l'U.R.S.S., le Comité de défense de l'Alliance adoptait, lors du sommet atlantique des 30 et 31 mai 1978 à Washington, un programme de défense à long terme (sur quinze ans) prévoyant un accroissement des dépenses de défense des pays membres en termes réels de 3 % par an. Surtout, le 12 décembre 1979, les membres du Comité de défense approuvaient une « double décision[...]
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Écrit par
- André FONTAINE
: ancien directeur du journal
Le Monde - Pierre MELANDRI : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Guillaume PARMENTIER : directeur du Centre sur l'Amérique et les relations transatlantiques
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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