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OTOÉMISSIONS ACOUSTIQUES

Otoémissions provoquées

Les otoémissions provoquées, contrairement aux otoémissions spontanées, n'apparaissent que lorsque l'oreille est stimulée par ce qu'on appelle communément un clic, un son bref et de large spectre. Ce type d'otoémission s'enregistre avec une sonde acoustique miniaturisée comprenant un microémetteur, au moyen duquel l'oreille est stimulée, et un microphone récepteur qui enregistre l'otoémission ; elle est placée dans le conduit auditif externe de manière non traumatisante. L'enregistrement dans le conduit auditif après la stimulation comprend, durant les 2,5 premières millisecondes, le son correspondant au clic de la stimulation puis un second son, de très faible intensité, détecté pendant une vingtaine de millisecondes : c'est l'otoémission provoquée. Ce délai entre la stimulation et l'enregistrement de l'otoémission provoquée correspond au temps nécessaire pour que la stimulation atteigne l'oreille interne, engendre l'otoémission puis pour que celle-ci regagne le conduit auditif externe. L'analyse spectrale de l'otoémission permet d'en connaître les principales fréquences ; elles sont comprises entre 700 hertz et 5 000 hertz.

Les otoémissions provoquées sont présentes chez presque tous les sujets normo-entendants. Leur amplitude et leur fréquence varient selon l'âge du sujet : plus le sujet est jeune, plus l'amplitude est grande et plus leur gamme spectrale est étendue. Les propriétés de ces otoémissions sont profondément modifiées lorsqu'il existe une surdité de perception secondaire à une pathologie de l'oreille interne affectant les cellules ciliées de l'organe de Corti. Ainsi, lorsque le niveau de la perte auditive dépasse 30 décibels, il n'est plus possible d'enregistrer une otoémission provoquée. Ces constatations cliniques ont été confirmées par des travaux expérimentaux qui ont permis d'attribuer aux cellules ciliées externes de l'organe de Corti un rôle essentiel dans la genèse des otoémissions provoquées. Il semble possible de modéliser de façon simple le phénomène de l'otoémission provoquée : chaque cellule ciliée externe de l'organe de Corti contribuerait à la formation de l'otoémission, et la somme de ces contributions individuelles permettrait la création d'une otoémission suffisamment ample pour être enregistrable dans le conduit auditif externe. Ainsi, sur le plan physiopathologique, plus les cellules ciliées externes seraient lésées (traumatisme sonore, ototoxicité, vieillissement de l'oreille interne...), plus l'amplitude de l'otoémission diminuerait – jusqu'à disparaître lorsque ces pertes cellulaires amènent à un seuil auditif de 30 décibels.

Les otoémissions provoquées constituent actuellement le meilleur moyen de dépister une surdité en période néonatale. En effet, en moins de trois minutes, de manière non traumatisante – le test est réalisé durant le sommeil postprandial de l'enfant, qui ne se réveille pas durant l'examen –, il est possible de déterminer si l'audition d'un enfant est normale ou non. La présence d'une otoémission provoquée signe le bon fonctionnement de l'oreille moyenne et de l'oreille interne de l'enfant ; son absence doit conduire à des investigations différentes afin de confirmer la surdité et de localiser le site de l'atteinte. Il convient néanmoins de noter que les otoémissions provoquées ne testent pas les voies auditives centrales ; toute suspicion d'atteinte auditive neurologique doit conduire à la pratique de tests différents, notamment des potentiels auditifs du tronc cérébral.

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Écrit par

  • : professeur de biophysique à la faculté de médecine de Clermont-Ferrand
  • : professeur des Universités, O.R.L. des hôpitaux de Paris

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