OTTAWA
Ottawa, microcosme du Canada contemporain
Une fois la ville devenue capitale du pays, sa croissance démographique s’accélère rapidement. En dépit d’une hausse continue, la composition de la population demeure relativement constante jusque dans les années 1930. Dans les secteurs est de la ville et dans la Basse-Ville, près du marché By, réside l’essentiel de la population francophone et catholique – Ottawa devient rapidement le centre de la francophonie ontarienne, à partir duquel s’organisent les luttes pour les droits linguistiques. Cette communauté côtoie celle des Irlandais catholiques. Ensemble, elles constituent environ la moitié des résidents de la ville, en proportions comparables. Les Britanniques protestants, qui composent l’autre moitié, plus fortunés, résident plutôt dans la Haute-Ville, à l’ouest du canal Rideau et dans les secteurs ouest et sud de la ville. Facteur d’enracinement, la localisation des institutions religieuses (églises, établissements scolaires et hôpitaux) consacre cette partition est-ouest des communautés dominantes.
Le tableau commence à se diversifier au début du xxe siècle avec l’arrivée d’immigrants européens, juifs, allemands et italiens. Le processus s’accélère après la Seconde Guerre mondiale et encore davantage à la fin des années 1960, à la faveur des modifications des lois d’immigration canadiennes qui favorisent une internationalisation de l’origine des nouveaux migrants.
Sa situation géographique unique, où se rencontrent Ontario et Québec – frontière provinciale à la plus forte charge symbolique du pays – et sa composition démographique font de l’agglomération urbaine d’Ottawa-Gatineau une sorte de microcosme du Canada, qui incarne à la fois la dualité historique canadienne et son idéal multiculturel plus contemporain. Cela se vit au quotidien du point de vue linguistique : au recensement de 2016, environ la moitié de la population a déclaré l’anglais comme langue maternelle, un petit tiers le français, et le reste une des langues non officielles. Parmi ces dernières, on trouve, en ordre décroissant, l’arabe, le cantonnais et l’espagnol. Cela s’exprime aussi sur le plan de la diversité ethnoculturelle : près du cinquième de la population d’Ottawa-Gatineau est composé d’immigrés. La ville est le lieu de résidence de communautés antillaise et africaine dynamiques, d’une communauté moyen-orientale bien établie (dont un important contingent libanais) et d’une communauté chinoise en croissance constante. Bien que Toronto, Vancouver et Montréal reçoivent un plus grand nombre d’immigrants et que l'évolution de leur proportion soit plus rapide à Edmonton et Calgary, Ottawa-Gatineau demeure une destination d’accueil prisée. Les nouveaux arrivants y sont attirés par le statut de capitale de la ville, un cadre de vie paisible, un riche réseau d’institutions culturelles et artistiques, d’excellentes perspectives d’emplois et la présence de trois universités – l’université d’Ottawa (la plus importante université bilingue, français-anglais, au monde), l’université Carleton (anglophone) et l’université du Québec en Outaouais sur la rive québécoise.
Depuis les années 1950, forte de la création de dizaines de milliers d’emplois dans la fonction publique et de transformations importantes de la structure de l’emploi, Ottawa est devenue une ville postindustrielle. Les traces du secteur industriel, auquel elle doit son développement initial, s’effacent progressivement du paysage urbain, et c’est surtout le secteur des hautes technologies qui, depuis les années 1980, contribue à son dynamisme économique. Les services occupent aujourd’hui près de 86 p. 100 de la population active, la fonction publique demeurant le plus gros employeur, suivie par les services aux entreprises, le commerce, la santé et l’enseignement.
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Écrit par
- Marc BROSSEAU : professeur titulaire, département de géographie, université d'Ottawa, Ontario (Canada)
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