KLEMPERER OTTO (1885-1973)
Tradition et innovation
Mais la fabuleuse aventure de la Kroll Oper ne résiste pas aux conséquences de la crise économique et aux pressions politiques (l'institution est considérée comme un repère de la « culture bolchevique »), et la Kroll Oper ferme ses portes en 1931. Klemperer dirige alors à la Deutsche Staatsoper (1931-1933) puis, en avril 1933, quitte l'Allemagne pour fuir le nazisme (il est d'origine juive) et se fixe aux États-Unis, où il avait donné ses premiers concerts dès 1926. Il est nommé directeur musical de l'Orchestre philharmonique de Los Angeles (1933-1939) et assure également la direction de l'Orchestre symphonique de Pittsburgh (1937-1938). Il rencontre Schönberg et retravaille la composition avec lui. En 1939, une opération au cerveau le laisse hémiplégique ; souffrant de cyclothymie, il parvient néanmoins à reprendre ses activités en se limitant à une carrière de chef invité. En 1940, il obtient la nationalité américaine.
De retour en Europe après la Seconde Guerre mondiale, Klemperer accepte la direction musicale de l'Opéra de Budapest (1947-1950). À partir de 1951, il doit se résoudre à diriger assis : il s'était fracturé la hanche et le col du fémur. Il traverse des périodes de dépression profonde dont il ne sort que grâce à l'aide de Walter Legge, qui l'attire à Londres pour enregistrer avec le Philharmonia Orchestra. En 1955, une page de sa carrière se tourne : Toscanini a pris sa retraite, Furtwängler est mort, Bruno Walter ne dirige plus que de façon épisodique. Les figures historiques de la génération précédente ont disparu, et Klemperer accepte le poste de directeur musical à vie du Philharmonia Orchestra pour transmettre la grande tradition germanique dont il est à présent le seul détenteur. Sa carrière prend alors un nouvel essor. Il revient à l'opéra en 1961 en dirigeant chaque saison à Covent Garden un ouvrage dont il assure lui-même la mise en scène (Fidelio, 1961 ; La Flûte enchantée, 1962 ; Lohengrin, 1963). Il reçoit la nationalité israélienne en 1970. Il continue à donner des concerts jusqu'en 1972 et meurt à Zurich le 6 juillet 1973.
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
Classification
Médias
Autres références
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STAATSOPER DE BERLIN
- Écrit par Jacques FOURNIER
- 952 mots
La capitale allemande possède trois théâtres lyriques dont deux, le Staatsoper et le Komische Oper, se trouvaient à Berlin-Est du temps de la R.D.A. La chute du Mur et la réunification des deux Allemagnes rendit à ces deux lieux leur identité nationale intrinsèque.
Si le Deutsche Oper dut son...