MUEHL OTTO (1925-2013)

L’utopie communautaire

Dans une perspective plus politique et sociale, Otto Muehl aspire à la transposition des Materialaktionen dans la vie réelle et fonde l’Aktionsanalytische Organisation (A.A.O.), une communauté d’habitants résidant d’abord à Vienne (1970), puis sur le site de l’ancienne ferme Friedrichshof, à Zurndorf, jusqu'à son déménagement en 1987 à La Gomera, au Portugal.

Si l’A.A.O. rappelle l’utopie de Charles Fourier, elle s’en éloigne aussi, dans la mesure où elle est une utopie réalisée. Conçue comme une échappatoire à la structure familiale bourgeoise, elle est fondée sur une sexualité libre, la propriété collective, l’éducation des enfants en commun, l’instruction et la formation dans les arts, la présentation de soi devant le groupe réuni. Ce principe de l’auto-analyse possède un effet thérapeutique (selon Sigmund Freud) et permet la libération de l’individu de sa « cuirasse » corporelle (d’après Wilhelm Reich). Ce travail de l’intime mêlé aux travaux du quotidien devait permettre une fusion entre l’art et la vie.

Mais cette vie communautaire conduisit à des dérives criminelles. En 1991, la communauté Friedrichshof (comptant près de sept cents membres à son apogée) est dissoute et Muehl est condamné à sept ans de prison, notamment pour détournement de mineures.

Par la suite, l’artiste reprit la peinture traditionnelle et découvrit par ailleurs le langage informatique. Depuis les années 1990, son art fait l’objet de nombreuses expositions – un intérêt international que Muehl a pu observer jusqu'à sa mort en 2013 à Moncarapacho (Portugal) au sein de l’Art-Life Family, une communauté désormais à échelle humaine, familiale.