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PÄCHT OTTO (1902-1988)

Dernier représentant autrichien des historiens de l'art de l'école de Vienne, Otto Pächt s'est, durant sa longue carrière, dans ses écrits comme dans son enseignement, toujours occupé de l'étude des manuscrits peints, cet art qui n'était pas « une grande peinture à échelle réduite », selon sa propre expression, reprise et citée par François Avril dans l'introduction à L'Enluminure médiévale (Paris, 1997). Formé à l'université de Vienne, ayant lu les travaux de Julius von Schlosser et d'Hermann Julius Hermann, Otto Pächt était, il est vrai, fin prêt pour des enquêtes minutieuses et patientes dans les fonds des bibliothèques et pour les éditions de livres rares. Il s'y livra donc très tôt, à Vienne puis à Londres, où il s'exila à la veille de la Seconde Guerre mondiale et où il demeura jusqu'à son retour en Autriche au début des années 1960. À partir de ce moment et jusqu'à sa mort à Vienne en 1988, il put s'y consacrer entièrement.

Le livre comme objet d'étude

Otto Pächt exploita, en effet, systématiquement les gisements des grands manuscrits à peintures, à Paris, dans les fonds de la Bibliothèque nationale, à Londres, dans ceux de la Bodleian Library (il publia en collaboration avec Jonathan Alexander trois volumes d'inventaire, de 1966 à 1973), à Vienne bien sûr, dans les réserves de la Bibliothèque nationale. Ici, il relança l'entreprise, qu'avait initiée en son temps Hermann Julius Hermann, de publier sous forme de catalogues les principaux manuscrits conservés, ceux d'origine française, datant du xve et du début du xvie siècle (deux volumes publiés à Vienne en 1974 et 1975, en collaboration avec Dagmar Thoss), ceux d'origine flamande (un volume, Vienne, 1975, en collaboration avec Ulrike Jenni) et ceux d'origine hollandaise (un volume, Vienne, 1983, en collaboration avec Dagmar Thoss et Ulrike Jenni).

Encore peu connu en France, il s'intéressa cependant beaucoup à l'enluminure des manuscrits français, à travers des études sur le mécénat artistique de René d'Anjou (Cahiers de l'Association internationale des études françaises, 8, 1956), sur Jean Fouquet (1974) ou encore sur Simon Marmion (Revue de l'Art, 46, 1979). Son œuvre commence à être traduite : en témoignent les parutions récentes du Paysage dans l'art italien (éd. G. Monfort, Paris, 1991), des Questions de méthode en histoire de l'art (éd. Macula, Paris, 1994 et 1996) et de L'Enluminure médiévale (éd. Macula, Paris, 1997).

Au cœur de ses entreprises éditoriales et de ses recherches, Otto Pächt place donc le livre ou, plus exactement, comme il l'explique lui-même, « la valeur symbolique du livre au Moyen Âge ». Son objet d'étude porte sur la séquence des interactions, formelles et thématiques, qui existent entre le livre comme support matériel, le texte qu'il contient, les illustrations et les différents ornements qui en scandent la lecture. De la fabrication à la consommation, et selon toutes leurs modalités, l'historien de l'art prend en compte un processus global et la conception du monde qui le sous-tend. En deux livres magistraux, hélas non traduits en français, l'un sur le Psautier de l'abbaye de Saint-Alban (Études de l'institut Warbourg, fasc. 25, Londres, 1960), l'autre sur l'essor du style narratif en Occident (Oxford, 1962), il met en évidence les changements d'attitude par rapport au livre et par rapport au monde, qui transparaissent sous un flot continu d'images, au tournant des xie et xiie siècles.

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, ancien membre de l'École française de Rome, professeur d'histoire de l'art médiéval à l'université de Bourgogne

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